Les sons compressés, quels risques pour l’audition ?

10 février 2022

Pourquoi écouter sans cesse des sons compressés, c’est-à-dire sans nuances, est-il néfaste pour l’audition ? Explications.

Depuis plusieurs années, les sons produits par la radio, la télévision, les consoles de jeux vidéo etc sont fortement compressés. La plupart des formats audio – le plus connu est le MP3 – utilisés par les plateformes telles que Youtube ou encore Spotify sont ainsi compressés. En d’autres termes, les écarts entre les sons forts et les sons faibles sont supprimés, de manière que tout s’entende de manière homogène. Le but ? « Cela vise à situer le son au-dessus du bruit ambiant. Il est donc mieux entendu, y compris dans des lieux très animés comme la rue ou le métro », explique Christian Hugonnet, ingénieur acousticien et fondateur de la Semaine du Son sur le site de Surdifrance, l’Union des associations de personnes malentendantes et devenues sourdes.

Alors qu’« un son naturel est modulé, comporte des nuances, des pauses, des « respirations », essentiels pour l’oreille comme pour le psychisme », les sons compressés n’accordent aucun répit. Résultat, cette surexposition fatigue l’oreille. De plus, « l’écoute régulière de sons compressés rend l’oreille paresseuse. Elle n’a plus besoin de faire une gymnastique permanente pour s’adapter aux modulations du son. Elle a donc de plus en plus de difficultés à percevoir les sons faibles », explique Christian Hugonnet.

Enfin, « l’auditeur qui écoute une musique compressée, pour retrouver une impression de contraste, a inconsciemment tendance à mettre le son plus fort », ajoute-t-il.

Fatigue auditive

Une étude menée par le Pr Paul Avan, directeur du Centre de recherche et d’innovation en audiologie humaine à l’Institut de l’audition, sur un modèle animal a démontré l’impact sur l’oreille des cochons d’Inde. Ces derniers ont été exposés durant quatre heures, à de la musique très compressée ou non, au niveau maximum légal de 102 dBA. Leur audition a été évaluée juste avant, juste après, puis 24h, 48h et jusqu’à une semaine plus tard.

« L’oreille interne a bien supporté le choc, en revanche, le système cérébral semblait fatigué », indique l’auteur. « Des petits muscles derrière le tympan ne récupéraient pas. » Or « ces petits muscles sont comme des paupières sonores. Nous pensons qu’ils dosent la quantité de son qui doit entrer dans l’oreille droite ou gauche, en fonction de ce que l’on souhaite entendre », conclut-il.

  • Source : Handicap.fr – Surdifrance, Union des associations de personnes malentendantes et devenues sourdes – audition-infos.org

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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