L’estime de soi et le bonheur passent aussi par la générosité
07 décembre 2022
Du temps, de l’argent, un bien matériel, une ressource… C’est un fait : donner procure aussi du bien au… donneur ! Des qualités telles que la générosité et l’altruisme apparaissent en effet grandement corrélées au bonheur et à l’estime de soi. Images neuronales à l’appui !
La générosité est définie comme la « qualité de celui (celle) qui est enclin(e) à s’occuper des autres sans préoccupation d’intérêt personnel ». Autrement dit, il s’agit de donner de soi, pour la satisfaction de l’autre, sans en attendre un quelconque retour. Sans compter que la satisfaction apparaît partagée puisque ce comportement généreux se traduirait aussi par une augmentation de son propre bonheur.
C’est en effet ce qu’ont constaté en 2017, le Pr Soyoung Q. Park et son équipe de l’Université de Lübeck (Allemagne). Les auteurs sont en effet partis des difficultés exprimées par les théoriciens économiques pour expliquer un comportement généreux. Ils ont ainsi mis le cap sur la psychologie avec l’enjeu de vérifier si ce comportement pouvait s’expliquer par le bonheur auquel il est associé. Comme le suggéraient d’ailleurs quelques travaux antérieurs.
Circuit de la récompense
Les scientifiques ont ainsi utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) auprès de 50 personnes suivies durant un mois. Pendant cette période, chacune d’entre elles a reçu de l’argent (25 francs suisses), avec une moitié – le groupe expérimental – invitée à la dépenser pour les autres et une autre moitié – la cohorte « témoin » – à acheter… pour soi. Les résultats ont fait état d’une activité cérébrale bien plus intense au sein du « groupe généreux », en particulier au niveau du striatum, une zone cérébrale qui intervient dans le circuit de la récompense.
Comme le souligne le Pr Soyoung Q. Park, « la générosité et le bonheur améliorent le bien-être individuel et peuvent faciliter la réussite sociétale. Notre étude fournit des preuves comportementales et neurales qui soutiennent le lien entre la générosité et le bonheur ». Avec à ses yeux, des implications potentiellement « importantes non seulement pour les neurosciences, mais aussi pour l’éducation, la politique, l’économie et la santé ».
La force du bénévolat
Réserver du temps à l’autre se révèle tout aussi bénéfique, d’un point de vue personnel. Comme l’expliquent les représentants de France Bénévolat, « le bénévolat, ce n’est pas seulement se rendre utile pour les autres. C’est aussi vous enrichir humainement en vous impliquant, avec d’autres bénévoles, dans des actions qui ont du sens ». Un constat vérifié par le psychologue suisse Romualdo Ramos qui a réalisé un travail auprès de 750 personnes, bénévoles ou non. Sa conclusion : « Même s’il demande de l’énergie et du temps, le bénévolat peut contribuer à un meilleur équilibre de vie et ainsi exercer une influence positive sur la santé ».
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Source : ance Bénévolat Ramos, Romualdo MSc; Brauchli, Rebecca Dr.; Bauer, Georg Dr. med.; Wehner, Theo Prof. Dr.; Hämmig, Oliver Dr.. Busy Yet Socially Engaged: Volunteering, Work–Life Balance, and Health in the Working Population. Journal of Occupational and Environmental Medicine: February 2015 - Volume 57 - Issue 2 - p 164-172. Park SQ, Kahnt T, Dogan A, Strang S, Fehr E, Tobler PN. A neural link between generosity and happiness. Nat Commun. 2017 Jul 11;8:15964. doi: 10.1038/ncomms15964. PMID: 28696410; PMCID: PMC5508200
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Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet