L’inquiétant retour des luxations congénitales de la hanche
30 mars 2015
En France, la luxation congénitale de la hanche concerne 6 naissances sur 1 000. ©Phovoir
Alors qu’elles avaient quasiment disparu, les luxations congénitales de la hanche reviennent en force dans notre pays. A tel point que l’Académie nationale de médecine évoque une « recrudescence inquiétante ». Il y aurait à la fois un problème de dépistage en maternité. Mais aussi de formation continue au geste diagnostic.
Selon les Académiciens, « les travaux rigoureux menés récemment sous l’égide de la Société Française d’Orthopédie Pédiatrique sur le dépistage des luxations congénitales de hanche durant les 20 dernières années font clairement apparaître une augmentation importante du nombre de découvertes tardives ». Autrement dit après le 3e mois.
En moyenne, les diagnostics seraient posés à 12,7 mois. C’est-à-dire que les parents s’en rendent compte lorsque leur petit commence à marcher et qu’il boîte… Or, il est désormais clairement établi qu’un diagnostic tardif est associé à un « pronostic défavorable à long terme de coxarthrose invalidante et douloureuse ». Cette pathologie engendre des « corrections chirurgicales, sources de dépenses importantes pour l’Assurance-maladie ».
L’Académie rappelle que l’examen clinique doit être systématique en maternité. Malheureusement, il ne dépiste pas tous les cas d’instabilité. C’est pourquoi, il doit être complété par un examen échographique à l’âge d’un mois. Mais cet acte resterait trop « opérateur-dépendant », au même titre que celui réalisé à 4 mois…
Geste clinique : améliorer la formation continue
« Finalement », concluent les Académiciens, « l’examen clinique répété des hanches à plusieurs reprises dans les 2 premiers mois reste le meilleur moyen de faire un diagnostic précoce ». Une recommandation simple en apparence à condition que les gestes élémentaires de diagnostic soit correctement réalisés… Que ce soit par le pédiatre ou la sage-femme dès le retour à la maison. Ou ensuite par le médecin de famille. A ce titre, elle suggère en quelque sorte une remise à niveau en la matière grâce notamment au développement professionnel continu (DPC).
Il s’agit d’un dispositif d’amélioration continue de la qualité et de la sécurité des soins. Il associe formation continue et analyse des pratiques professionnelles. Il s’adresse à l’ensemble des professionnels de santé. Comme le souligne la Haute Autorité de santé (HAS), « il constitue une obligation individuelle qui s’inscrit dans une démarche permanente d’amélioration de la qualité des soins ».
-
Source : Académie nationale de Médecine, 17 mars 2015
-
Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet