L’intelligence artificielle pour prédire les troubles anxieux ?

11 janvier 2023

L’adolescence est une période à haut risque, notamment sur le plan psychique. Certains troubles anxieux peuvent se manifester à cette période, d’autres un peu plus tard. L’intelligence artificielle pourrait-elle prédire leur apparition ? Apparemment oui, d’après une étude Inserm.  

IA troubles anxieux ados

Un adolescent sur trois est concerné par un trouble anxieux, qui se manifeste par une « anxiété forte et durable sans lien avec un danger ou une menace réelle, qui perturbe son fonctionnement normal et ses activités quotidiennes ». A l’heure où, Covid oblige, la question de la santé mentale est de moins en moins taboue, des chercheurs Inserm ont essayé de déterminer s’il était possible d’anticiper l’apparition de ces troubles grâce à l’intelligence artificielle. Les résultats ont été publiés dans la revue Molecular Psychiatry.

Premier volet de leur travail : étudier les réponses à des questionnaires en ligne remplis par un peu plus de 2 000 ados européens de la cohorte Imagen. Âgés de 14 ans au moment de leur inclusion en 2008, ils ont été interrogés à trois reprises : à 14 ans donc, puis à 18 et 23 ans.

Trois signes avant-coureurs

Un algorithme d’intelligence artificielle a ensuite analysé les questionnaires, afin d’évaluer si les réponses formulées à 14 ans étaient susceptibles de prédire le diagnostic de troubles anxieux quelques années plus tard. Cette analyse a permis de dégager trois signes avant-coureurs à haute valeur prédictive. Traduction : « leur présence à l’adolescence augmente significativement le risque statistique de troubles anxieux à l’âge adulte ».

  • Le neuroticisme, ou la tendance persistante à ressentir des émotions négatives comme la peur, la tristesse, la gêne ou la colère, accompagné d’une mauvaise maîtrise des pulsions et d’une inadaptation face aux stress, est le premier de ces facteurs ;
  • Vient ensuite le sentiment de désespoir, caractérisé par un faible score aux questions évaluant l’optimisme et la confiance en soi ;
  • Et enfin les symptômes émotionnels comme les maux de tête ou d’estomac, le fait d’avoir « beaucoup de soucis » et d’être souvent inquiet, de se sentir « souvent malheureux, abattu ou larmoyant », et « nerveux dans les nouvelles situations ».

Un adulte sur cinq

Les chercheurs se sont également appuyés sur l’imagerie pour identifier une éventuelle modification du volume de la matière grise qui pourrait être prédictive de futurs troubles anxieux. Si les IRM cérébrales n’ont pas amélioré les prédictions de troubles anxieux basées sur les seuls questionnaires, elles ont en revanche permis d’analyser plus finement le type de trouble le plus susceptible d’apparaître chez chaque participant.

Pour Jean-Luc Martinot, pédopsychiatre, directeur de recherche à l’Inserm et co-auteur de l’étude, « ces prédicteurs ou signes avant-coureurs identifiés pourraient permettre de détecter les personnes à risque plus tôt et de leur proposer une intervention adaptée et personnalisée, tout en limitant la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne ». Selon les chiffres de la Haute autorité de santé, 21% des adultes seront touchés par un trouble anxieux au cours de leur vie.

  • Source : Inserm – Haute autorité de santé – Janvier 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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