Lire les émotions sur le visage : chacun ses impressions !

13 août 2018

Regarder un visage et poser des mots sur le caractère de la personne. Contrairement aux idées reçues, ce mécanisme d’observation des traits expressifs des émotions ne serait pas universel. Les ressentis et perceptions dépendent en effet de chacun.

« La rencontre d’un nouveau visage est systématiquement associée à une première impression, liée à l’analyse, souvent inconsciente, de la morphologie du visage », déclarent des chercheurs de l’Inserm*. Ainsi, les mâchoires carrées sont associées à des personnalités dominantes et les bouilles rondes à des caractères inspirant la confiance. Or « l’interprétation des émotions faciales ne repose pas seulement sur une lecture universelle des visages, partagée par tous ». En effet, « un jugement personnel, propre à chacun » influe les perceptions.

Pour le prouver, les scientifiques ont proposé à « une trentaine de participants [d’observer] des séries de photos de visages exprimant la peur ou la colère à des degrés divers d’intensité. Ces derniers étaient invités à indiquer quelle était l’émotion exprimée ». Ensuite, « un test était réalisé afin de mesurer les associations communes à l’ensemble des participants et propres à chacun d’eux ».

Chacun sa vision des choses

L’expression des visages était neutre. Les participants « devaient indiquer s’ils pensaient que ce visage exprimait plutôt la peur ou la colère pendant l’expérience principale ». Lors de la réponse, une analyse a été réalisée « à l’aide d’enregistrements cérébraux en électroencéphalographie (EEG)».

Résultat, « les associations partagées entre morphologie faciale et émotions coexistent avec de fortes variations d’une personne à l’autre ». Autre point, « une grande partie de ces associations propres à chaque personne ne dépendent pas de nos interactions sociales récentes, mais résultent de différences interindividuelles stables dans le temps ».

La question qui se pose est maintenant l’origine de cette différence de perception. Hypothèse principale, « l’impact de l’environnement dans lequel la personne s’est construite, son histoire de vie. Par exemple, une personne ayant évolué au contact d’une personne colérique pourrait non seulement mieux percevoir les signaux de colère, mais aussi avoir tendance à associer certains traits morphologiques à l’émotion de colère ».

** unité 960 Inserm/ENS, Laboratoire de neurosciences cognitives, équipe Cognition sociale, Ecole normale supérieure, Paris

  • Source : Inserm, juillet 2018

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils