Lissage brésilien : alerte sur des risques d’insuffisance rénale aiguë

07 juin 2024

Selon l’Académie de médecine, la pratique du lissage brésilien, un procédé chimique utilisé pour lisser les cheveux, serait à l’origine d’insuffisance rénale aiguë. En cause, l’acide glyoxylique contenu dans les produits.

L’Académie de médecine alerte ce vendredi 7 juin dans un communiqué sur les risques liés au lissage chimique des cheveux. Cette pratique, connue sous le nom de lissage brésilien, est réalisée à partir d’agents chimiques. Le formaldéhyde était d’abord utilisé mais, classé cancérigène, a été remplacé en 2013 par des dérivés de l’acide glycolique, notamment l’acide glyoxylique. « Aux États-Unis, en 1998, le Cosmetic Ingredient Review a considéré ces agents comme ‘sûrs’ pour une utilisation courte, une concentration ≤ 30 % et un pH final de formulation ≥ 3, sans toutefois justifier ces limites », note l’Académie.

Selon plusieurs articles scientifiques, ces produits présenteraient des risques pour la santé. « En 2023, des lésions d’insuffisance rénale aiguë régressive avec présence de cristaux d’oxalate de calcium dans les biopsies rénales ont été décrites chez 26 jeunes patientes, après une procédure de lissage des cheveux ‘à la brésilienne’, ce que confirme une observation récente rapportant le cas d’une femme de 26 ans, sans antécédent médical, qui a présenté trois épisodes consécutifs d’insuffisance rénale aiguë régressifs après un défrisage des cheveux », lit-on dans le communiqué. En cause ? La formation de cristaux d’acide d’oxalique au niveau des tubules rénaux, après l’absorption par la peau et le cuir chevelu du produit. Il est aussi précisé que le produit utilisé par la patiente de 26 ans contenait 10 % d’acide glyoxylique, soit une concentration largement inférieure aux 30 % de concentration de produit à ne pas dépasser.

Une substance également utilisée pour les peelings

Le lien de causalité a été démontré chez la souris avec l’application sur la peau d’un produit de lissage contenant 10 % d’acide glyoxylique. Après 24 heures, les cristaux ont été retrouvés dans les urines des animaux qui avaient reçu la crème. Aucun chez les souris témoins chez qui on avait appliqué une crème contrôle.

L’acide glyoxylique est aussi utilisé dans les peelings du visage – pratique chimique qui consiste à décoller les cellules mortes de la peau – à des concentrations parfois proches de 30 %. « L’absorption de l’acide glycolique par la peau dépend du pH du produit, de sa concentration, de la durée d’exposition sur la peau et des propriétés lipophiles du produit. Une observation d’insuffisance rénale aiguë, chez un patient transplanté rénal depuis 4 ans, a été décrite après 5 peelings du visage à l’acide glycolique (à une concentration entre 40 et 70 %). La biopsie rénale a révélé la présence de cristaux d’oxalate ».

Nécessité d’informer et évaluer le risque

Alors que l’utilisation de ces produis cosmétiques est largement démocratisée chez les femmes et aussi chez les hommes, l’Académie de médecine formule ces quatre recommandations :

  • diffuser des messages d’alerte et d’information auprès des professionnels de santé, des salons de coiffure et des commerces de produits cosmétiques à base de ces acides, afin de les sensibiliser à ces risques d’insuffisance rénale aiguë se manifestant dans les 24 à 48 h après les gestes techniques ;
  • informer les utilisateurs sur les risques en cas d’usage fréquent de ces produits lissants, et sur les signes de l’insuffisance rénale aiguë, notamment douleurs abdominales aiguës, nausées, vomissements d’apparition rapide.
  • ne pas réaliser de lissage des cheveux ou de « peeling » en cas de lésions du cuir chevelu ou de la peau du visage, ce qui augmente la pénétration de l’acide glyoxylique et de l’acide glycolique
  • développer une cosmétovigilance permettant d’évaluer la fréquence du risque lié à l’usage de produits à base d’acides glyoxylique et glycolique, et d’établir un profil des patients les plus à risques.
  • Source : Académie nationale de médecine

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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