Lutte contre les mutilations génitales : un long combat
05 février 2016
Sans amélioration de la prévention et de la prise en charge, 15 millions de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans risquent de subir des mutilations génitales d’ici à 2030. ©unfpa.org
Ce samedi 6 janvier est marqué par la Journée internationale contre les mutilations génitales féminines. L’occasion de faire le bilan sur la lutte menée contre ce fléau qui touche 100 à 140 millions de femmes et de filles dans le monde. Quelles avancées ont été réalisées ces dernières années ? Que reste-t-il à faire ?
Cette année la Journée mondiale contre les mutilations génitales est consacrée aux Objectifs du développement durable. Ce texte prévoit l’éradication de ces actes d’ici à 2030. Comme le souligne le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), des initiatives ont été prises dans ce sens entre 2008-2013 :
- Une politique nationale a été instaurée dans 12 des 15 pays intégrés dans le programme du FNUAP et de l’UNICEF ;
- Plus de 12 700 communautés ont abandonné la pratique des mutilations génitales et 20 000 chefs religieux et coutumiers ont affirmé que les mutilations sexuelles féminines ne relèvent pas d’une obligation religieuse ;
- Un protocole de prise en charge des victimes de mutilations a été mis en place dans 5 500 établissements de santé. Et 100 000 professionnels de santé ont bénéficié de formations spécifiques à la prévention et la prise en charge des mutilations génitales féminines ;
Mais que reste-t-il à faire ?
Dans les années à venir, un dialogue sur la santé sexuelle et reproductive entre communautés doit être mis en place. L’enjeu, réduire de 40 % la prévalence des mutilations chez les filles de moins de 14 ans dans cinq pays minimum, et d’éliminer complètement ces pratiques dans au moins un pays d’ici la fin 2017.
Principale mesure, faire évoluer les consciences et permettre à la population d’agir par elle-même, « collectivement en vue d’éliminer ces pratiques ». Et lutter contre cette forme de discrimination qui bafoue les droits de la femme : « la santé, la sécurité, l’intégrité physique mais aussi le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Pis encore, le droit à la vie est aussi impacté « lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles ».
Des femmes fragilisées
Rappelons que les mutilations correspondent à l’ensemble des interventions altérant ou lésant les organes génitaux de la femme pour des raisons autre que médicales (motifs religieux, rites communautaires…). Elles sont en majorité pratiquées pendant l’enfance ou chez des jeunes de moins de 15 ans.
Principales complications rapportées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) : d’intenses douleurs génitales, des kystes, des infections et de fréquents épisodes de fièvre. Sur le long terme, les mutilations génitales favorisent les risques de perturbation du cycle ovarien, d’infertilité, de complications à l’accouchement, de problèmes urinaires et vaginaux. Les taux de mortalité du nourrisson et de la femme sont aussi plus élevés. Enfin des fragilités psychologiques sont fréquemment diagnostiquées chez les victimes de mutilations génitales : la perte de confiance en soi, l’anxiété, la dépression et les syndromes post-traumatiques.
Pour consulter l’ensemble du programme du FNUAP et de l’UNICEF, cliquez ici.
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Source : Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et le Fond des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), Organisation mondiale de la Santé (OMS), le 5 février 2016.
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Ecrit par : Laura Bourgault : Edité par : Emmanuel Ducreuzet