Maladie d’Alzheimer : le diagnostic précoce, bientôt une réalité?
04 décembre 2013
Et s’il était possible de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer bien avant sa forme démentielle ? C’est en tout cas ce qu’espèrent des chercheurs canadiens. Ces derniers ont développé un outil leur permettant d’évaluer les risques d’apparition de la maladie chez des patients souffrant de troubles cognitifs légers. Et donc de commencer à traiter beaucoup plus tôt.
« Diagnostiquer plus tôt, c’est intervenir plus rapidement » explique le Dr Sylvie Belleville, directrice de la recherche à l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. « Actuellement, on ne diagnostique pas la maladie d’Alzheimer de façon très précoce. On ne dispose pas en effet de protocoles fiables et on risque fort de se tromper quand on tente de donner un diagnostic trop tôt. Résultat, il peut s’écouler, jusqu’à 10 ans entre ses premières manifestations cérébrales et son diagnostic ».
Les scientifiques ont ainsi tenté de coupler deux approches de diagnostic : la neuro-imagerie (mesures de volume hippocampique et d’épaisseur corticale) associée à des tests de mémoire. Ils ont ainsi évalué leur stratégie auprès de 45 patients souffrant de ce que l’on appelle un « trouble cognitif léger » et d’un groupe témoin constitué de 20 personnes en bonne santé. Tous ont été suivis durant deux ans.
Ce trouble cognitif léger (ou Mild Cognitive Impairment en anglais) caractérise en fait un état plus déficitaire que celui attendu pour un âge donné. « C’est une zone marécageuse, entre la parfaite santé cognitive et la forme démentielle » nous explique le Dr Bernard Croisile, neurologue au CHU de Lyon. « Les sujets qui s’y trouvent, même s’ils sont victimes de troubles, ne développeront pas nécessairement la maladie. »
C’est donc tout l’intérêt de ce travail canadien : prédire quels patients seront victimes de la forme démentielle dans les deux années à venir. En associant leurs 2 méthodes, ils seraient parvenus à « cibler les personnes qui seront atteintes de la maladie d’Alzheimer » Et « d’éliminer les faux positifs ». En clair, ils sont parvenus à identifier les futurs malades. Avec une pertinence de… 90%.
« Les deux méthodes, la neuro-imagerie et la neuropsychologie, sont efficaces jusqu’à un certain point lorsqu’elles sont utilisées seules » note Sylvie Belleville. « Toutefois, c’est l’association et l’analyse des résultats des deux méthodes qui nous permettent d’atteindre cette précision exceptionnelle. »
Le Dr Croisile reprend : « La forme démentielle de maladie d’Alzheimer, c’est un peu comme un cancer évolué Sauf que dans le cas du cancer, on n’attend pas l’ultime phase pour traiter. Grâce à cette étude, nous pouvons espérer pouvoir remonter le courant et soigner la maladie d’Alzheimer en amont. »
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : David Picot
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Source : Journal of Alzheimer's Disease, volume 38, numéro 2 – Interview du Dr Bernard Croisile, 2 décembre 2013