Maladie d’Alzheimer : des soins à domicile efficaces
25 janvier 2017
Astrid Gast/shutterstock.com
Une nouvelle approche thérapeutique à domicile ciblant les patients atteints de démence ralentirait leur perte d’autonomie. Baptisée thérapie occupationnelle, elle consiste à guider, chez eux, les malades dans des exercices personnalisés.
Ralentir la perte d’autonomie et aussi réduire les troubles du comportement. Voilà les bénéfices de la thérapie occupationnelle destinée aux malades atteints d’une forme de démence, et notamment de la maladie d’Alzheimer. « Cette thérapie consiste à stimuler certaines activités de personnes malades ou à maintenir leur autonomie de manière sécurisée et efficace tout en tenant compte de leurs habitudes de vie et de leur environnement », précise l’INSERM. « Il s’agit de stimuler et maintenir les capacités restantes des malades au travers d’activités ciblées comme réapprendre à s’habiller, à accueillir des amis, à préparer un repas simple », précise Clément Pimouguet, principal auteur de l’étude. « Basée sur l’intervention d’ergothérapeutes, de psychomotriciens et d’assistants de soins en gérontologie, la prise en charge a lieu à domicile sur prescription médicale. »
« Son efficacité avait été démontrée dans quelques essais cliniques, mais elle ne l’avait pas été dans des conditions de soins de routine. » Voilà pourquoi un travail* a été mené sur 421 patients atteints de démence. Ces derniers ont été suivis pendant 6 mois, dont 3 de prise en charge et 3 après la fin de l’intervention.
Une qualité de vie améliorée
Au terme de cette étude observationnelle menée en conditions de vie réelles, des bénéfices cliniques significatifs ont été constatés chez les patients atteints de démence et notamment de la maladie d’Alzheimer. Dans le détail, « les résultats indiquent que les troubles du comportement des malades, le temps passé par les aidants à s’occuper de leur proche malade et la charge émotionnelle associée à cette prise en charge, avaient significativement diminué au cours des 3 mois d’intervention et étaient stables après cette période », indiquent les auteurs.
Les performances cognitives des patients sont aussi restées stables au cours des 6 mois de l’étude. En revanche, l’autonomie fonctionnelle, restée stable aussi au cours des 3 mois d’intervention, était significativement réduite par la suite.
Une intervention précoce nécessaire
Dernier constat d’intérêt : la nécessaire précocité de l’intervention. « Les patients diagnostiqués les plus récemment retiraient le plus d’avantages en termes de déclin fonctionnel », notent les auteurs. « Ces découvertes suggèrent que la thérapie occupationnelle devrait concerner prioritairement les patients aux stades précoces de la maladie d’Alzheimer afin d’optimiser ses éventuels bénéfices cliniques. »
« Cette étude souligne le potentiel de cette prise en charge en termes de bien-être des patients et de leurs aidants », insistent les chercheurs.
Conceptualisée comme une intervention à court terme à domicile, cette thérapie pourrait-elle apporter davantage de bénéfices sur le long terme ? Pour répondre à cette question, l’équipe de chercheurs de l’INSERM conduira un essai dans le but de comparer l’efficacité de la thérapie occupationnelle sur une période supplémentaire de 4 mois par rapport à la prise en charge habituelle telle que recommandée.
* Inserm, ISPED, Centre Inserm U1219-Epidemiologie-Biostatistique, Bordeaux – Univ. Bordeaux – Service de Neurologie, Department of Clinical Neurosciences, CHU Pellegrin, Bordeaux – INSERM, Clinical Investigation Center – Clinical Epidemiology 1401, Bordeaux