Maladie du sommeil : la mouche tsé-tsé livre ses secrets

25 avril 2014

Au terme de 10 ans de travaux, des scientifiques ont enfin réussi à décrypter le génome de la mouche tsé-tsé. Vecteur de la maladie du sommeil, cet insecte présente de nombreuses particularités. Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles perspectives de lutte contre ce vecteur.

Une équipe de recherche internationale composée de 145 spécialistes a publié dans la revue Science le séquençage de l’ADN de la mouche tsé-tsé. Celle-ci transmet par sa piqûre, à l’homme et à l’animal, le parasite responsable de la maladie du sommeil. « L’accès à son génome représente une avancée scientifique majeure », explique l’IRD, dont plusieurs chercheurs ont participé aux travaux. « Cela va accélérer la recherche sur sa biologie fondamentale. »

En effet, cette mouche, également appelée glossine, est unique sur la plan biologique. « Contrairement à d’autres vecteurs chez lesquels seule la femelle pique pour se nourrir de sang, les deux sexes sont (dans cette espèce n.d.l.r.) hématophages », indique l’IRD. Par ailleurs, « elle possède un mode de reproduction très singulier (pour un insecte n.d.l.r.), comparable à celui des mammifères. Elle ne pond pas d’œufs, mais donne naissance à une larve développée après une dizaine de jours de gestation dans son utérus, pendant laquelle elle nourrit sa progéniture avec une sécrétion lactée. »

Combattre une maladie grave

La mouche tsé-tsé est le principal vecteur de la maladie du sommeil, autrement appelée trypanosomose humaine africaine (THA). Présente en Afrique subsaharienne, elle affecte principalement les populations rurales vivant des activités agricoles, de la pêche et de l’élevage. Caractérisée par de la fièvre, des douleurs articulaires et des atteintes du système nerveux central, elle peut s’avérer mortelle en l’absence de traitement.

Il n’existe actuellement aucun vaccin pour prévenir la maladie. Et « son élaboration semble difficile du fait de la capacité du trypanosome à déjouer le système immunitaire des mammifères », explique l’IRD. « Le dépistage et le traitement de la maladie sont [quant à eux] coûteux, pénibles et toxiques. » Par conséquent, « la lutte antivectorielle demeure pour l’heure le seul moyen de rompre le cycle de transmission. » Cette méthode d’éradication de la mouche a permis de faire baisser le nombre de cas de 40 000 en 1998 à 10 000 en 2009. Aujourd’hui, le décryptage du génome de la mouche tsé-tsé « ouvre encore la voie à de nouvelles perspectives pour combattre ce vecteur », concluent les chercheurs.

  • Source : IRD, 22 avril 2014

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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