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Plus d’un million d’hospitalisations en 2022 ; 140 000 décès en 2021, représentant plus d’un décès sur cinq… Les maladies cardio-neuro-vasculaires représentent un enjeu de santé publique majeur.
Parmi elles, les cardiopathies ischémiques se distinguent particulièrement, touchant trois millions de personnes, soit près de 6 % de la population adulte française.
Ces cardiopathies regroupent tout un ensemble de troubles consécutifs à l’insuffisance d’apports en oxygène au muscle cardiaque. Elles sont souvent consécutives à une mauvaise hygiène de vie telle que la sédentarité, le tabagisme ou l’alcoolisme chronique, l’hypercholestérolémie ou l’obésité. Chaque année, elles coutent la vie à 30 000 personnes.
Pour le Pr Gérard Helft, président de la Fédération française de Cardiologie (FFC), ce chiffre de 30 000 morts par an « ne doit pas masquer la réalité tragique supplémentaire des arrêts cardiaques extra-hospitaliers qui touchent chaque année près de 50 000 Français (sans pour autant provoquer le décès, ndlr) ». Des arrêts qui, la plupart du temps, sont causés par une cardiopathie ischémique non diagnostiquée.
Pour le président de la FFC, la détection des cardiopathies et la formation du grand public aux gestes de premiers secours restent donc des priorités. Malgré les efforts déployés, la sensibilisation et la formation des citoyens face à un arrêt cardiaque restent insuffisantes comparées à d’autres pays, comme les pays scandinaves.
L’étude du BEH met en lumière l’importance des facteurs de risque, qu’ils soient comportementaux ou non. L’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, le diabète et l’obésité jouent un rôle majeur dans le développement des maladies cardiovasculaires. Leur prévalence en France est élevée : 30 % pour l’hypertension, 25 % pour le tabagisme et 23 % pour l’hypercholestérolémie. Le manque de connaissance des Français sur leur propre état de santé est alarmant, avec près de la moitié des hypertendus ignorant leur condition. Tout comme une personne sur deux souffrant d’hypercholestérolémie et un diabétique sur cinq.
Des actions de dépistage, comme les « Parcours du Cœur » organisés par la Fédération française de Cardiologie, sont essentielles. Ces initiatives permettent de sensibiliser le public à l’importance de l’activité physique, dont les bénéfices sont largement démontrés. Pourtant, près de la moitié des femmes et 30 % des hommes ne respectent pas les recommandations en matière d’activité physique.
Enfin, l’étude révèle des inégalités criantes. Le niveau d’éducation, le lieu de résidence et le genre influencent fortement le risque de développer une maladie cardiovasculaire. Seuls 4 % des adultes ayant un niveau d’éducation inférieur au baccalauréat présentent une santé cardiovasculaire optimale, contre 21 % pour ceux ayant un niveau d’études supérieur.
Les inégalités se manifestent aussi par une répartition inégale sur le territoire de l’offre de soins spécialisés (structures spécialisées comme les unités neurovasculaires ou de réhabilitation cardiaque). Les risques sont eux aussi inégalement répartis : les prévalences de l’obésité, du diabète, de l’hypertension artérielle, et de la fibrillation atriale sont en effet les plus élevées dans les Hauts-de-France, le Grand Est, et les DROM.
Enfin, pour les femmes, c’est le paradoxe. Malgré une augmentation de l’incidence des syndromes coronariens chez les moins de 65 ans, elles bénéficient d’une prise en charge moins efficace que les hommes. « Une attention particulière est nécessaire face aux facteurs de risques spécifiques des femmes », notent les auteurs. « Ces facteurs de risque sont les désordres de la grossesse (désordres hypertensifs de la grossesse, diabète gestationnel) et certains troubles gynécologiques comme le syndrome des ovaires polykystiques. Leur approche doit faire partie de l’évaluation du risque cardiovasculaire. »
Source : BEH Hors-série Épidémiologie des maladies cardiovasculaires en France - 4 mars 2025
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet