Maladies infectieuses : l’impact du changement climatique
19 août 2022
Les maladies infectieuses entraînent chaque année des millions de décès dans le monde. Plus de la moitié d’entre elles risquent d’être aggravées par le changement climatique.
Comment le changement climatique est-il susceptible d’agir sur les maladies infectieuses ? Pour répondre à cette question, des chercheurs de l’Université d’Hawaï à Honolulu (États-Unis) sont partis d’une liste de 375 pathologies infectieuses connues pour avoir touché l’humanité au cours de l’histoire et d’une liste de 10 aléas climatiques, comprenant le réchauffement, la sécheresse, les vagues de chaleur, les incendies de forêt, les précipitations extrêmes, les inondations, les tempêtes, l’élévation du niveau de la mer, les changements biogéochimiques des océans et les modifications de la couverture terrestre.
Ils ont ensuite analysé plus de 70 000 articles scientifiques portant sur des cas de ces pathologies infectieuses et évalué l’implication éventuelle du climat. Ils ont retenu 830 publications et concluent que 218 maladies infectieuses (58 %) sont susceptibles de s’aggraver, à cause du climat.
Des maladies plus proches, des hommes plus fragiles
Les auteurs rappellent dans leur article que du Sida à l’Ebola en passant par la dengue, le Zika ou le Covid-19, les maladies infectieuses sont toutes dues à la transmission, à l’homme, d’agents pathogènes, qui peuvent être des virus, des bactéries, des champignons, des parasites, des pollens… Elles sont pour la plupart transmises par des vecteurs (moustiques, tiques, puces…), mais certaines se transmettent aussi par l’eau, l’air, un contact direct ou la voie alimentaire.
Les aléas climatiques rapprochent les agents pathogènes des hommes, en favorisant l’extension géographique de certaines espèces vectrices, comme les tiques par exemple, ou en modifiant leur virulence (certains moustiques s’adaptent et se reproduisent plus vite). Ces mêmes aléas climatiques rapprochent les hommes de ces agents (migrations forcées…) ou diminuent leurs capacités à y faire face (limitations de l’accès à l’eau potable, aux soins médicaux, destruction des infrastructures d’assainissement…).
« Il y a tout simplement trop de maladies, et de voies de transmission, pour que nous puissions penser pouvoir vraiment nous adapter au changement climatique », a commenté Camilo Mora, professeur de géographie et auteur principal de l’étude, avant de conclure sur le besoin urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial.