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De nombreuses études ont montré qu’il existe un lien entre l’alimentation et le risque de développer une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI). Les régimes riches en fibres, les aliments non transformés, le régime méditerranéen et les modèles alimentaires à effet anti-inflammatoire ont un effet protecteur vis-à-vis de la maladie de Crohn, ce qui est d’ailleurs encouragé par les recommandations nationales et internationales.
En revanche, peu de données concernent le rôle de l’alimentation sur l’activité de la maladie chez les patients déjà atteints de ces maladies (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique). La consommation de viandes rouges ou de produits transformés semble associée à une aggravation de l’évolution, tandis qu’une alimentation riche en fruits et légumes paraît protectrice. Il restait à le démontrer.
L’objectif d’une étude française à partir de la cohorte en ligne Mikinautes était d’identifier les facteurs alimentaires associés au risque de rechute des MICI. L’Association François Aupetit (AFA) des patients atteints de maladie de Crohn et de rectocolite hémorragique a participé à la conception, au financement et au recrutement de cette étude ainsi que le registre épidémiologique EPIMAD.
693 patients atteints de MICI ont été inclus, âgés de plus de six ans, suivis en pratique libérale ou à l’hôpital. Les participants remplissaient des questionnaires en ligne portant sur leurs habitudes alimentaires (consommation moyenne de 230 aliments au cours des douze derniers mois) et leur état de santé et ont été suivis pendant au moins un an (collecte prospective des données médicales).
77 % des patients étaient en rémission de leur maladie à l’inclusion. Leur probabilité cumulée de rechute était de 18 % à un an et de 25 % à deux ans. Au total, 36 % des patients présentaient une maladie active après un an de suivi.
Quatre profils alimentaires ont été identifiés. Chez les personnes atteintes de maladie de Crohn, le profil alimentaire associé à une moindre activité de la maladie se caractérise par une consommation élevée de légumes, fruits, noix, légumineuses, céréales, œufs et boissons non sucrées, et une faible consommation de produits laitiers, desserts, pain et produits gras ou sucrés/salés. « Ces résultats apportent des éléments utiles pour le conseil nutritionnel dans les MICI, souligne la Dre Hélène Sarter, épidémiologiste (CHU de Lille). Dans notre étude, une alimentation riche en fruits, légumes, légumineuses et noix réduit de moitié le risque de rechute chez les patients atteints de maladie de Crohn. »
En revanche, chez les personnes ayant une rectocolite hémorragique, seule une consommation élevée de fruits était associée à une réduction du risque de rechute, celui-ci était presque divisé par deux. Mais aucun profil alimentaire global n’était lié au risque de rechute dans cette population. En résumé, « une alimentation saine exerce un effet significatif sur le risque de rechute dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, indique Hélène Sarter, apportant ainsi des données scientifiques supplémentaires en faveur des recommandations alimentaires récentes ».

Source : Suivi de la session de congrès UEGW (Berlin, octobre 2025) : « A healthy dietary pattern and fruit consumptions are associated with a halved risk of relapse in Crohn Disease and Ulcerative Colitis respectively: A large prospective nationwide study in France » par la Dre Hélène Sarter ; Hashash. Gastroenterology, 2024.

Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par : Vincent Roche