Maladies mentales : les SDF, mal pris en charge
24 septembre 2018
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Les personnes sans domicile fixe souffrent plus souvent que la population générale, de maladies mentales. Mais reçoivent-elles les soins adéquats ? Une équipe marseillaise a voulu faire le point sur la situation. Son constat est affligeant : 90% d’entre eux ne reçoivent pas un traitement adapté.
Une équipe marseillaise a inclus dans son étude, plus de 700 SDF du projet « un chez soi d’abord* » souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Parmi les participants âgés en moyenne de 38 ans et composés de 83% d’hommes, 70% présentaient une schizophrénie et 30% des troubles bipolaires. Cette étude a été conduite dans quatre grandes villes : Marseille, Paris, Lille et Toulouse.
L’objectif des scientifiques était d’étudier si les patients SDF recevaient un traitement psychiatrique médicamenteux adapté à leur pathologie. Les résultats sont édifiants : près de 9 patients sur 10 ne reçoivent pas un traitement adapté. Dans le détail, près de la moitié (48%) des patients avaient une dépression non traitée, qu’ils aient une schizophrénie ou un trouble bipolaire. Et 46% recevaient des anxiolytiques et 15% des hypnotiques au long cours, ce qui n’est pas recommandé (à cause des risques de dépendance, de chute, de désinhibition et d’altération des fonctions cognitives).
« L’absence de traitement de fond demeure un problème souvent lié au refus du patient de se traiter, et la loi n’autorise pas les psychiatres à administrer un traitement sans le consentement du patient, en dehors du contexte de l’urgence », soulignent les auteurs. « De nouvelles réflexions sont nécessaires pour améliorer le soin des populations SDF présentant des troubles mentaux. »
Le programme « Un chez soi d’abord » pourra faire partie des nouvelles pistes pour améliorer l’adhésion de ces populations aux soins. Il a déjà fait ses preuves aux États-Unis et au Canada et les résultats Français seront bientôt publiés.
*visant à offrir à des personnes sans domicile fixe un logement pour améliorer la qualité des soins psychiatriques