Maladies nosocomiales : la pistes des… virus bactériens !

13 juin 2013

Saviez-vous que les bactéries pouvaient également être victimes de… virus ? C’est en effet ce que nous montrent des chercheurs français de l’INRA. Ces « virus bactériens », comme les appellent les scientifiques pourraient même être impliqués dans la survenue de maladies nosocomiales. Voilà qui mérite explication. 

Pascale Serror et son équipe du centre INRA de Jouy-en-Josas (Yvelines) ont travaillé sur la souche Enterrococcus faecalis. « Naturellement présente dans le tractus gastro-intestinal, elle est résistante à de nombreux antibiotiques », expliquent-ils. De par « sa capacité à acquérir de nouvelles résistances, elle (…) est devenue une cause majeure d’infections nosocomiales à travers le monde ».

Au cours de leur travail, ils ont établi un lien entre l’activité de ce qu’ils appellent des ‘prophages’ et l’apparition de maladies infectieuses dont des inflammations de l’endocarde, l’enveloppe interne du cœur. Les prophages sont en fait des virus dont le matériel génétique s’intègre parfaitement à celui de bactéries. Pour les chercheurs de l’INRA, ils faciliteraient ainsi la propagation de la bactérie. Et surtout sa « capacité à adhérer aux plaquettes sanguines ».

« Dans le cas d’une contamination orale par certaines souches d’E.faecalis chez des personnes fragilisées », expliquent-ils, « la bactérie contenant des prophages colonise le tractus digestif. (…) Elle peut alors traverser la paroi de l’intestin, se retrouver dans le sang et ainsi, via les plaquettes sanguines, coloniser les valves du cœur et générer une endocardite infectieuse ».

Par ailleurs, les auteurs ont montré que des antibiotiques de la famille des fluoroquinolones augmentaient l’activité de ces prophages. « Ce qui provoque d’une part l’augmentation du potentiel infectieux des bactéries et d’autre part la diffusion de gènes de virulence à d’autres bactéries ». Ces résultats ouvrent donc la voie à une meilleure connaissance des mécanismes en jeu dans certaines maladies infectieuses.

Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

 

  • Source : Plos Genetics, 6 juin 2013 – INRA, 7 juin 2013

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