Maladies rares : la thérapie génique contre le syndrome de wiskott-Aldrich
21 avril 2015
©Phovoir
Le syndrome de Wiskott-Aldrich est un déficit immunitaire complexe, rare et sévère, d’origine génétique. Sa prévalence est estimée à 1 sur 250 000. A ce jour le seul traitement repose sur une greffe de moelle osseuse. Mais une équipe franco-britannique a peut-être mis au point une solution. Reposant sur une thérapie génique, ce traitement encore à l’étude montre déjà d’excellents résultats. Explications.
L’étude de phase I/II a été lancée en décembre 2010 et menée à Paris et à Londres pour traiter des malades sévèrement atteints, sans donneur compatible. En effet, le syndrome de Wiskott-Aldrich ne peut être traité jusqu’à présent que par une greffe de moelle osseuse qui nécessite un donneur compatible et peut provoquer des complications graves. Dû à des mutations du gène codant la protéine WAS (WASp) exprimée dans les cellules hématopoïétiques, cette pathologie touche essentiellement les garçons. Elle se traduit par des hémorragies, des infections graves et à répétition, de l’eczéma sévère et, chez certains patients, des réactions auto-immunes et l’apparition de cancers.
Cette étude, menée par les équipes du Département de Biothérapie avec le CIC Biothérapies (AP-HP/Inserm), du service d’immunologie-hématologie pédiatrique de l’hôpital Necker Enfants-Malades (AP-HP), du laboratoire Généthon, de l’University College of London et du Great Ormond Street Hospital (Londres), vise à évaluer la faisabilité et l’efficacité d’une thérapie génique dans cette indication.
Des symptômes largement améliorés
Les résultats pour les sept premiers patients traités, âgés de 8 mois à 16 ans, sont prometteurs. Ainsi ont-ils montré des améliorations cliniques significatives. « L’eczéma sévère et les infections graves ont disparu dans tous les cas », soulignent les auteurs. « L’un des patients a vu disparaitre son arthrite, un autre a vu une amélioration majeure de sa vascularite des membres inférieurs qui l’obligeait à se déplacer à l’aide d’un fauteuil roulant, a pu retrouver une activité physique normale. »
Concrètement, « le traitement consiste à prélever chez les malades des cellules souches sanguines porteuses de l’anomalie génétique, puis à les corriger au laboratoire en introduisant le gène WAS sain grâce à un vecteur lentiviral développé et produit par Généthon », expliquent les auteurs. « Les cellules corrigées sont ensuite réinjectées aux malades qui sont, au préalable, traités par chimiothérapie afin d’éliminer leurs cellules souches malades ainsi que les cellules auto-immunes et faire la place aux nouvelles cellules corrigées. » Après réinjection, ces cellules vont alors donner naissance aux diverses lignées cellulaires qui composent le sang (globules blancs et rouges, plaquettes).
«Les résultats obtenus dans cet essai clinique multicentrique constituent une avancée thérapeutique importante car ils concernent une pathologie complexe qui affecte la quasi-totalité des cellules sanguines avec des conséquences cliniques dramatiques », se réjouissent les auteurs.