Mammographie : l’auto-compression moins douloureuse et tout aussi efficace

28 mars 2019

La compression du sein s’avère indispensable lors d’une mammographie, pour une lecture d’éventuelles anomalies recherchées dans le dépistage d’une tumeur du sein. Selon des cancérologues français, ce geste invasif et parfois douloureux peut être réalisé par la femme elle-même, sans altération de la qualité du cliché radiologique. Explications.

La mammographie reste la technique la plus efficace pour repérer les signes d’un risque potentiel de cancer du sein. « Elle permet de dépister les lésions les plus petites possibles afin de donner les meilleures chances de guérison », explique le Dr Philippe Henrot, responsable du service de radiologie de l’Institut de Cancérologie de Lorraine.

Stress, douleur et appréhension

Pour autant, cet examen nécessite la compression mammaire : plus le sein perd en épaisseur, plus la qualité de l’image est bonne. La finesse de la détection des anomalies s’en trouve améliorée. Réalisé par le manipulateur en radiologie, ce geste peut être pour le moins incommodant. « Depuis toujours (…) certaines patientes vivent vraiment mal l’expérience de la mammographie. Ces femmes-là arrivent très stressées car elles appréhendent de subir au mieux de l’inconfort, au pire de la douleur. »

En 2010, une manipulatrice radio de l’Institut de Cancérologie de Lorraine propose spontanément à une femme d’exercer la compression elle-même. En retour, l’équipe ne s’oppose pas à cette évolution, et se dit « pourquoi pas, à condition que la qualité d’image reste la même ». Cette même année, une étude américaine relatait une expérience similaire, « avec un retour très positif des femmes et une qualité d’image qui n’avait pas été dégradée ». Mais aucune publication officielle ni recommandation n’ont suivi ces expérimentations.

A l’Institut de Cancérologie de Lorraine, le Dr Henrot se penche sur le sujet. De 2013 à 2015, son équipe et celles de 3 autres centres (l’Institut Bergonié de Bordeaux, l’Institut Curie de Paris et le Centre François Baclesse de Caen) suivent 549 femmes divisées en deux groupes : dans la première moitié, la compression est réalisée par le manipulateur radio, dans la seconde l’auto-compression est effectuée.

Et les résultats sont plus qu’encourageants ! Les femmes du groupe auto-compression « ne se compriment pas moins, la force de compression est supérieure quand la femme le fait, la douleur mesurée est inférieure et la qualité d’image n’est pas dégradée ».

Inciter les femmes au dépistage !

Il ne s’agit pas d’automatiser l’auto-compression, plutôt de donner le choix aux femmes. « L’étude n’a pas a été conçue pour généraliser la pratique. » Mais il est possible de la proposer à celles « qui en expriment le souhait ou qui vivent mal la mammographie ».

Un point important étant donné que « certaines femmes ont interrompu ou n’ont pas fait le dépistage par crainte de la mammographie », témoigne le Dr Henrot. Cette proposition de l’auto-compression mammaire pourrait donc inciter plus de femmes à participer au dépistage du cancer du sein. Une maladie à l’origine de 12 000 décès chaque année en France.

A noter : le cancer du sein est le plus meurtrier chez la femme, devant la tumeur du poumon et le cancer colorectal.

  • Source : Institut de Cancérologie de Lorraine, mars 2019 – JAMA Internal Medicine, 4 février 2019 – Institut national du Cancer (INCa), Les cancers en France en 2018 - L'essentiel des faits et chiffres (édition 2019)

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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