Manque de sommeil : moins heureux, plus anxieux
09 janvier 2024
Avis aux jeunes parents, adolescents adeptes des nuits blanches, personnes sujettes à l’insomnie ou travailleurs de nuit : le manque de sommeil accentue le niveau de stress et rendrait moins heureux.
Le manque de sommeil nuit à la santé physique comme psychologique. Un impact déjà mis en lumière dans de nombreuses études. Ainsi, les petites nuits sont connues pour favoriser le risque d’accident coronarien et d’accident vasculaire cérébral. Autres fragilités encourues par les tout petits dormeurs : une surexposition au diabète et à l‘obésité. Ou encore un niveau de stress accru.
La dernière étude en date, menée par le Pr Cara Palmer (Université du Montana, Etats-Unis), porte justement sur ce point. Dormir peu et/ou dormir mal a tendance à nous rendre moins heureux et plus anxieux. Pour mettre en lumière ce lien de cause à effet, les scientifiques ont collecté les données de 154 études menées sur plus de 50 ans, recrutant plus de 5 700 volontaires. « Il s’agit de la synthèse la plus complète publiée à ce jour sur les preuves entre phases d’éveil prolongées, réduction du temps de sommeil, réveils nocturnes et les fonctions émotionnelles », précisent les auteurs.
Il s’agit d’un enjeu de santé publique, le manque de sommeil chronique étant « très présent dans la société actuelle », atteste la Pr Cara Palmer, auteur de cette analyse d’envergure. « Aujourd’hui, 30% de la population adulte et 90% des adolescents ne dorment pas suffisamment. »
Au cours de ces études expérimentales, la totalité des participants avaient vu leur sommeil interrompu pendant une ou plusieurs nuits. Dans certains protocoles, des volontaires étaient maintenus éveillés avant d’avoir le droit de s’endormir. D’autres avaient droit à un tout petit capital sommeil sur une période donnée. Quel que soit « le régime », chacun des participants devait rapporter régulièrement ses humeurs, ses réactions, son niveau de symptômes anxieux ou dépressifs.
L’anxiété plus que la dépression
Et le résultat est sans appel. « Même après une courte période de manque de sommeil, les émotions positives, de joie, de bonheur, ont tendance à diminuer. Dans le même temps, les symptômes associés à l’anxiété augmentent comme le rythme cardiaque et une tendance à l’inquiétude », poursuit le Pr Palmer. « Il suffit d’être éveillé 1h ou 2h de plus que d’habitude pour éprouver ces ressentis. » En revanche, les symptômes associés à la dépression étaient moins récurrents.
Reste qu’au-delà de sa robustesse, cette étude présente une limite : « la moyenne d’âge était de 23 ans. Dans de futures recherches, nous aurons intérêt à recruter des échantillons plus variés pour étudier l’impact de la privation de sommeil aux différents âges de la vie. » Autre point important : « observer les différences individuelles pour comprendre pourquoi certaines personnes sont plus vulnérables que d’autres face au manque de sommeil », conclut le Pr Palmer.
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Source : Psychological Bulletin, le 21 décembre 2023
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet