Le sommeil pour lutter contre le stress et l’anxiété ?

23 juin 2023

Un bon sommeil, un sommeil réparateur, peut réduire le stress, voire les troubles anxieux. Selon quels mécanismes ? On fait le point avec le Dr. Sylvie Royant-Parola, psychiatre, spécialiste du sommeil.

Le sommeil peut-il aider à réduire le stress ?

Dr. Sylvie Royant-Parola : Oui, et ce, à différents niveaux. Le sommeil a des actions sur le système nerveux. La nuit, il rééquilibre, sur le plan émotionnel notamment, tout ce qu’il s’est passé durant la journée. Lors du sommeil paradoxal, différents processus se mettent en place, réactivent tout ce qui été mis en jeu dans la journée et traitent ces souvenirs sur le plan émotionnel : est-ce un bon ou un mauvais souvenir, est-ce qu’on le réprime ou au contraire est-ce qu’on l’exacerbe… ? Une fois traité, on le range dans sa mémoire. C’est le rééquilibrage psychique.

 

Qu’en est-il de la durée du sommeil ?

La durée de sommeil dont on a besoin doit être absolument respectée. Une personne qui ne respecte pas son temps de sommeil n’aura pas le temps de mener à bien toutes les opérations que je viens de citer. Cela engendre une instabilité sur le plan émotionnel qui peut générer du stress. Outre la durée, le sommeil obéit au rythme circadien. On sait que si on ne respecte pas ce rythme, cela va fragiliser tout le système. Et là encore, au niveau émotionnel, les contre-coups de ce qu’il s’est passé dans la journée, ne vont pas pouvoir être absorbés. Le corps réagit aux agressions et ne pas respecter son rythme circadien, c’est une agression. Ainsi, le corps va sécréter davantage de noradrénaline et de cortisol, qui sont les hormones du stress. Tout cela favorise le tonus sympathique (état de tension du système nerveux sympathique) qui génère directement un état de stress.

 

Dans votre pratique, recommandez-vous à vos patients de bien dormir pour lutter contre le stress ?

Oui, on peut effectivement recommander à la personne de veiller à son sommeil. Mais puisqu’il s’agit de personnes stressées, qui rencontrent sans doute des difficultés à gérer leur sommeil, il sera sans doute difficile pour elles de le contrôler. On leur explique bien sûr de dormir suffisamment, d’avoir des horaires de coucher et de lever réguliers, de réguler leur rythme en pratiquant du sport régulièrement, de sortir pour s’exposer le plus possible à la lumière naturelle. C’est toute une série de bonnes pratiques qu’il faut réussir à mettre en place pour mieux dormir et agir sur le stress.

 

Et cela fonctionne aussi pour les troubles anxieux ?

Oui, le stress et l’anxiété sont très liés. On retrouve des dysfonctionnements de neuromédiateurs, comme la noradrénaline, communs dans le stress et l’anxiété. Les conseils à donner sur le sommeil pour diminuer le stress sont les mêmes que pour diminuer l’anxiété. C’est également vrai pour la dépression.

 

Ne pas se retrouver en privation de sommeil semble être une solide base pour lutter contre le stress ?

C’est essentiel ! Mais cela implique nécessairement de connaître ses besoins de sommeil, ce qui n’est pas si évident que cela. A-t-on besoin de 8 heures, de 6 heures, de 9 heures de sommeil ? Le besoin de sommeil est très relatif et il est important que la personne connaisse la typologie de son sommeil. Il est aussi important de faire attention à son rythme de sommeil et dans le domaine, c’est l’horaire de lever qui synchronise tous les rythmes. Quelqu’un qui se lève à des horaires très irréguliers d’un jour à l’autre ne stabilise pas ses horloges et chez ces personnes il y a un terrain favorable au stress, à la dépression et l’anxiété. Il est important le week-end de ne pas se lever plus de deux heures après son heure de lever habituelle.

 

Certaines recommandations peuvent-elles être utiles pour tous afin d’améliorer son sommeil ?

Le passage du sommeil à l’éveil et de l’éveil au sommeil sont des transitions qu’il est important de respecter. Il faut lors de ces moments, se préparer au monde d’après. Le soir, au moins une heure avant de se coucher, il est recommandé d’arrêter de travailler, de réaliser des activités plaisantes, de supprimer tous les écrans. Surtout, pas de téléphone dans le lit, ni sur sa table de chevet. Il faut se coucher quand on a sommeil uniquement. Et si on ne parvient pas à s’endormir, il faut se relever et faire autre chose en attendant que le sommeil arrive. Idem si on se réveille la nuit. Les pensées deviennent rapidement anxiogènes et c’est l’escalade. Il faut se lever et se recoucher une vingtaine de minutes plus tard. Le matin, on se lève dès qu’on se réveille. Il est aussi recommandé de ne pas faire de sieste ou en tout cas très brèves, en cas de coup de barre, et pratiquer une activité physique régulière, un petit peu tous les jours. Il faut aussi profiter au maximum de la lumière du jour. Cela permettra à chacun de mieux dormir et de réduire son stress.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site reseau-morphee.fr 

  • Source : Interview du Dr. Sylvie Royant-Parola, le 16 juin

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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