











Avec son amendement voté dans le cadre du projet de loi sur le sport pour empêcher rétroactivement tout recours des industriels contre ses baisses ou annulations de remboursements de médicaments, Jean-François Mattei a fait impression. Cela, cest sûr.
Le Leem qui représente lindustrie pharmaceutique, sest immédiatement déclaré « très indigné ». Les autres observateurs eux, sont perplexes. Cette manoeuvre rend intouchables des textes réglementaires, a posteriori de surcroît, alors quen démocratie aucune loi ne saurait avoir deffet rétroactif. Ce petit coup en douce, intervenant après le passage dune première liste durant le week-end pascal, paraît presque pitoyable
La liste que Jean-François Mattei devait présenter ce jeudi, fait figure de cerise sur le gâteau. Une cerise aigre, pour le moins. En fin daprès-midi jeudi, elle jouait encore les Arlésienne. Les services du ministère assuraient ne pas en disposer, et le ministre se donnait 8 jours « pour laisser aux laboratoires concernés le temps de faire part de leurs observations. » Finalement publiée in extremis en fin de journée, elle comporte quelques noms qui peuvent surprendre. Citons pêle-mêle le Fortal, un antidouleur « historique », le coltramyl (décontracturant), le Mutesa, le Librax, le néo-codion Des médicaments dusage courant mais pas majeurs, et qui tous ont des alternatives thérapeutiques valables.
Arrêtée par la Commission de transparence de l’Agence française de Sécurité sanitaire des Produits de Santé (lAFSSaPS), elle rassemble 84 spécialités qui ne seront plus prises en charge. Spécialement visées du fait soit dun Service médical rendu (SMR) « insuffisant » soit de leur composition, elles regroupent des produits renfermant de la cortisone, de la codéine ou des antibiotiques. A petites doses certes, mais potentiellement dangereux en cas de mauvais usage ou dabus. Sont ainsi concernés des antitussifs, des désinfectants ou des antiseptiques, des antiallergiques
Cette mesure fait suite à la publication de plusieurs listes :
Le dernier développement, annoncé hier mais dont nous ne connaîtrons toutes les implications que début août pour surfer sur la torpeur estivale ? – intervient sur un autre registre. Ne nous y trompons pas, les 84 produits déremboursés sont appelés à disparaître. Par ailleurs, dautres charrettes devraient suivre en juillet 2004 et juillet 2005. Elles concerneront dabord les médicaments qui peuvent relever dune automédication par le patient, à qui il sera demandé dassumer son choix. Puis viendra une liste de produits « médicalement peu efficaces mais pour lheure sans alternative thérapeutique ». Une définition attrape-tout qui, une fois encore, va se trouver au centre de bien des polémiques
Lobjectif affiché nest pas daméliorer la santé publique mais celle du budget de la Nation, qui espère épargner 42 millions deuros cette année. Loin des 100 millions encore visés la semaine passée
Mais après tout pourquoi pas, si les décisions sont prises en toute rigueur et dans la transparence. Le moins quon puisse penser cependant, cest que le chassé-croisé de ces derniers jours paraissent ne procéder ni de lune, ni de lautre
© Destination Santé 2003
Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, 10 juillet 2003