Médicaments anti-obésité disponibles en France, on fait le point !

10 février 2025

En février 2025, trois médicaments indiqués dans la perte de poids sont disponibles en France : le liraglutide, le sémaglutide et le tirzépatide, plus connus sous leur nom commercial Saxenda®, Wegovy® et Mounjaro®. Comment agissent-ils ? À qui sont-ils destinés ? Quelle perte de poids peut-on espérer et à quels effets secondaires doit-on s’attendre ?

Alors que l’on vient d’apprendre qu’à la demande du ministère de la Santé, le laboratoire danois Novo Nordisk a décidé de fournir gratuitement son médicament anti-obésité Wegovy® à 3 000 patients français en 2025, intéressons-nous à ce que de nombreux spécialistes considèrent comme une révolution : les traitements « anti-obésité ».

A qui s’adressent les molécules contre l’obésité ?

Depuis 2021 pour le liraglutide, et plus récemment pour le sémaglutide (octobre 2024) et le tirzépatide (novembre 2024), ces trois molécules disposent en France d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans la prise en charge de l’excès de poids. Il s’agit du liraglutide, à la dose maximale de 3 mg par jour (Saxenda®), du sémaglutide, jusqu’à 2,4 mg par semaine (Wegovy®), et du tirzépatide, à une dose maximale de 15 mg (Mounjaro®).

Leur utilisation est actuellement limitée aux personnes présentant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 27 kg/m² (fort surpoids) en présence de comorbidités (diabète…), ou supérieur à 30 kg/m² (obésité modérée jusqu’à sévère), avec ou sans comorbidités.

Aucun de ces traitements n’est pris en charge à ce jour par la Sécurité sociale.

Le GLP-1, une hormone clé de la régulation de la prise alimentaire

La régulation de la prise alimentaire (sensation de faim, satiété…), dépend essentiellement du contrôle cérébral : certaines aires du cerveau interviennent dans la régulation dite « homéostatique » de l’alimentation, c’est-à-dire les besoins physiologiques de l’organisme. Pour cela, elles reçoivent des signaux en provenance des organes, qui renseignent sur l’état des réserves énergétiques du corps. Parmi ces signaux figurent plusieurs hormones, dont le GLP-1, le GIP et la leptine, etc.

Des régions cérébrales distinctes sont impliquées dans la régulation de la prise alimentaire lorsqu’elle est motivée par le plaisir de manger (« régulation hédonique »). Ce mécanisme repose sur le système de la récompense. Certaines hormones, comme le GLP-1, peuvent également l’activer.

« Lorsqu’on utilise un médicament à dose pharmacologique ciblant le récepteur au GLP-1, explique le Pr Emmanuel Disse, chef du service d’Endocrinologie-Diabète-Nutrition (Hospices Civils de Lyon), qui intervenait lors de la Journée annuelle Benjamin Delessert (31/01/25, Paris), l’action principale se situe au niveau cérébral, en agissant à la fois sur les systèmes régulateurs homéostatiques et hédoniques. »

Ces médicaments « anti-obésité » reposent donc, en tout ou en partie, sur cette hormone clé de la régulation de la faim, le GLP-1.

Fiches d’identité des médicaments anti-obésité 

Le liraglutide 3 mg (Saxenda®) est un analogue du GLP-1, c’est-à-dire qu’il imite l’hormone GLP-1 tout en étant modifié pour prolonger son action. La dose de 3 mg doit être atteinte sur plusieurs semaines (1 injection quotidienne). Son coût est d’environ 170 € par mois. Lorsqu’il est associé à une alimentation adaptée et à une activité physique régulière, la perte de poids moyenne est d’environ 9,2 %. Un tiers des patients parvient à perdre plus de 10 % de son poids total, mais la réponse au traitement varie d’une personne à l’autre.

Le sémaglutide 2,4 mg (Wegovy®) est administré par injections hebdomadaires. Il faut attendre environ quatre mois pour atteindre la dose maximale de 2,4 mg par semaine. Le coût mensuel est d’environ 260 €. Une perte de poids moyenne de 15 % peut être attendue après un an de traitement. Environ 35 % des patients parviennent même à perdre plus de 20 % de leur poids total.

– Le tirzépatide (Mounjaro®) est une molécule particulière, car elle est à la fois un analogue du GLP-1 et du GIP. Cette double action confère à cette molécule son efficacité impressionnante, supérieure à celle des deux précédentes. Cette action combinée agit à la fois sur l’appétit et sur la perte de poids. A la dose de 15 mg, le tirzépatide permet une perte de poids moyenne de 22,5 %. Deux tiers des patients perdent plus de 20 % de leur poids initial, et 40 % parviennent à une perte de poids de 25 % ou plus.

Des médicaments efficaces… tant qu’ils sont pris !

Les études publiées à ce jour montrent que la perte de poids induite par ces molécules est durable, sans reprise de poids systématique au fil du temps. Cependant, ces traitements ne sont efficaces que s’ils sont poursuivis. Par exemple, une étude portant sur le sémaglutide (STEP 1) montre qu’à l’arrêt du traitement, les patients regagnent environ 70 % de la perte de poids obtenue.

Un changement du comportement alimentaire  

Sous médicament, les patients ont tendance à réduire leurs apports caloriques, avec une réduction de 24 % (sémaglutide). Cela concerne surtout les produits riches en graisses et non sucrés, dont la consommation est réduite de 35 %. Pour Emmanuel Disse, « ces médicaments réduisent non seulement la quantité de nourriture ingérée, en diminuant la sensation de faim et en augmentant la satiété, mais modifient également les préférences alimentaires. Les patients choisissent plus fréquemment des aliments pauvres en graisses et non sucrés. Les envies irrépressibles de manger, les « cravings », sont également réduites. »

Quels effets indésirables peut-on craindre ?

Les effets indésirables sont principalement d’ordre digestif. « Une analyse des études sur le sémaglutide a révélé que 44 % des patients souffraient de nausées, contre 16 % dans le groupe placebo, rapporte Pr Sébastien Czernichow (service de Nutrition Hôpital européen George Pompidou, Paris), 30 % avaient des diarrhées (16 % dans le groupe placebo), 25 % des vomissements (contre 6 %) et 25 % de constipation (contre 11 %). À 99,5 %, ces effets étaient légers à modérés. Ces effets secondaires ont conduit à l’arrêt du traitement chez 4,3 % des patients. »

Ces effets indésirables peuvent être atténués grâce à l’augmentation progressive des doses. De plus, « ils surviennent généralement dans les 24 à 48 heures suivant l’injection », précise Audren Dumotier, diététicien nutritionniste (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris). Ils se stabilisent généralement après 4 à 6 mois. »

Quant au risque de pancréatite (inflammation du pancréas), médiatisé, « il n’a pas été démontré à ce jour, rassure le Pr Czernichow. Vigilance cependant en cas d’antécédents de pancréatique où il ne devrait pas être prescrit. Il existe en revanche un risque biliaire lié à la migration d’éventuels calculs biliaires du fait de la perte de poids rapide. » Des précautions d’emploi existent également « en cas de diabète de type 1, de maladie inflammatoire chronique de l’intestin et de gastroparésie (trouble de la vidange de l’estomac) », ajoute Emmanuel Disse.

  • Source : Suivi de la Journée annuelle Benjamin Delessert 2025 (31/01/25, Paris) ; « Comment repenser la prise en charge de l'obésité en 2025 ? » ; STEP 1 Study Group. Once-Weekly Semaglutide in Adults with Overweight or Obesity. N Engl J Med. 2021 Mar 18;384(11):989-1002 ; SURMOUNT-4 Investigators. Continued Treatment With Tirzepatide for Maintenance of Weight Reduction in Adults With Obesity: The SURMOUNT-4 Randomized Clinical Trial. JAMA. 2024 Jan 2;331(1):38-48 ; SCALE Obesity and Prediabetes NN8022-1839 Study Group. A Randomized, Controlled Trial of 3.0 mg of Liraglutide in Weight Management. N Engl J Med. 2015 Jul 2;373(1):11-22 ; Tirzepatide Once Weekly for the Treatment of Obesity. N Engl J Med. 2022 Oct 13;387(15):1433 ; Blundell J, Finlayson G, Axelsen M, et al. Effects of once-weekly semaglutide on appetite, energy intake, control of eating, food preference and body weight in subjects with obesity. Diabetes Obes Metab. 2017 Sep;19(9):1242-1251

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Edité par Vincent Roche

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