











Accueil » Santé Publique » Médicaments » Médicaments en épicerie à Casablanca : la justice en marche, les patients oubliés
A Casablanca, deux mois après la saisie dans des épiceries, de 50 000 boîtes d’Aspro (aspirine) et de Claradol (à base de paracétamol) des laboratoires Bayer HealthCare Pharma, rien ou presque ne semble avoir été fait pour sensibiliser le public au danger de ces pratiques. La campagne de communication des autorités ne débutera en effet… qu’en janvier l’an prochain.
Or le temps presse. Avoir accès à des médicaments sans avis médical, c’est très dangereux. L’aspirine peut en effet provoquer chez le nourrisson une maladie grave, le syndrome de Reye. Son utilisation est aussi formellement interdite en cas d’ulcère de l’estomac ou d’hémophilie. L’affaire est donc très sérieuse !
D’ailleurs sur le plan judiciaire, le dossier semble avancer. « Nous avons fait les inspections adéquates » nous a précisé le Dr Med Abdelmoumen Mahly, chef de division de l’information du ministère de la santé marocain. « Une instruction est en cours. Bayer s’est même porté partie civile. Des saisies ont été effectuées et plusieurs personnes appréhendées. Je peux vous confirmer aujourd’hui que le trafic de médicament a été stoppé. »
Officiellement donc, aucune boîte d’Aspro ou de Claradol n’est disponible à Casablanca hors du circuit légal de distribution. Une affirmation qui laisse perplexe M. Chérif Lamrani, président du Conseil marocain de l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteurs (COPFR). « Il n’existe pas aujourd’hui de volonté politique pour lutter contre les trafics de médicaments qui, d’ailleurs, ne datent pas d’hier. Bayer est une victime dans cette affaire. En 1998 déjà, on avait retrouvé des produits du laboratoire Roche en vente à l’extérieur des officines. A l’époque, les pouvoirs publics n’avaient pas donné suite. »
« C’est comme si rien ne s’était passé ! »
Depuis, la méfiance est palpable entre les pharmaciens et leur ministère de tutelle. « Nous n’avons pas accès à tout le dossier » poursuit Chérif Lamrani. « Les enjeux économiques sont énormes. Le réseau illégal démantelé à Casablanca n’est que l’arbre qui cache la forêt. »
Y a-t-il défaut de volonté politique ou s’agit-il seulement de lenteurs administratives aux implications dangereuses ? Et quelle est la part dans cette affaire des enjeux économiques ? Mais surtout, qu’advient-il ici du patient marocain ? Premier concerné par cette vente illégale de médicaments, il est aujourd’hui le grand oublié. Aucune campagne de sensibilisation ou de mise en garde n’a encore été lancée. « C’est comme si rien ne s’était passé » tonne Chérif Lamrani. « Les médias doivent soulever ce problème. La vie des citoyens marocains est en danger. »
Pour le ministère de la Santé cependant, il semble que rien ne presse. Une campagne d’information est bien prévue, mais elle sera pour janvier 2008. « Elle consistera en des spots radio et télévisés. Nous allons rappeler à la population qu’elle doit impérativement acheter le médicament dans les pharmacies et nulle part ailleurs » a ainsi annoncé le ministère de la santé marocain. « Nous travaillons sur le projet ».
Source : Interview du Dr Med Abdelmoumen Mahly, Chef de division de l’information du ministère de la santé marocain, 5 septembre 2007 ; interview de M. Chérif Lamrani président du Conseil de l’Ordre des Pharmaciens Fabricants et Répartiteur marocain (COPFR), 7 septembre 2007
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