Médicaments en grandes surfaces : Leclerc (re)sonne la charge !

13 janvier 2011

Deux ans après son premier assaut, Michel-Edouard Leclerc revient à la charge pour obtenir le droit de vendre des médicaments en accès libre au sein de « ses » parapharmacies. Dans son chariot, une étude apparemment bien solide, dénonçant les écarts observés dans les prix de ces médicaments, d’une pharmacie à une autre. Des écarts qui vont du simple… au triple !

Conduite par le cabinet d’analyse économique spécialisé BIPE à la demande des groupements Leclerc, cette étude prolonge celle qui avait été réalisée en octobre 2009 déjà, dans 5 villes françaises : Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme), Echirolles (Isère), Mont-de-Marsan (Landes), Rodez (Aveyron) et Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Dans les mêmes villes, cette « seconde vague » a été menée du 13 au 22 décembre 2010. Les 25 pharmacies les plus proches de chacune des mairies ont été ciblées, les enquêteurs y achetant les mêmes 30 médicaments en accès libre. Ces derniers n’ont pas été choisis au hasard. Il s’agissait systématiquement, des produits les plus vendus (en valeur) dans le pays.

Trois constats principaux – qui sont en fait des confirmations – ressortent de ce travail :
– D’une officine à une autre, les prix d’un même médicament restent très variables, allant du simple au triple. Voire davantage… C’est ainsi que le prix d’un anti-nauséeux (boîte de 8 comprimés) peut varier de 2,93 euros à 7 euros dans la ville Mont-de-Marsan. Et lorsque l’on se rend à Echirolles, il peut arriver que l’on trouve ce même traitement à 10,20 euros ! Soit un écart de…248% ;

– Entre 2009 et 2010, les prix de ces 30 médicaments en libre-accès n’ont baissé que de 0,4%. Et cela, en dépit des mesures prises par décret en juillet 2008. Ce constat confirme ainsi les résultats d’une autre enquête, initiée par 60 millions de Consommateurs. Rendus publics en janvier 2010, ils faisaient état d’une « baisse » des prix de 0,3% ;

– Lorsqu’un médicament est déremboursé, son prix augmente « de façon significative ». E. Leclerc cite l’exemple d’un traitement à base de magnésium dont le tarif a bondi de 46%, dès lors qu’en juillet 2010, il est passé en accès libre.

Michel-Edouard Leclerc : « il faut une concurrence de réseaux »

« Je ne suis pas anti-pharmacien et je ne demande pas la vente libre des médicaments », nous a confié Michel-Edouard Leclerc au cours d’un entretien. « Si nous repartons en campagne, c’est parce que nous pensons qu’il n’y aura une baisse des prix que s’il y a une concurrence de réseaux. Et non d’officines. A l’heure d’Internet, nous proposons tout simplement d’être un nouvel acteur de la concurrence et nous revendiquons le droit de vendre ces médicaments en accès libre dans nos parapharmacies. Lesquelles sont placées sous le contrôle de docteurs en pharmacie ».

A ses yeux, la vente de médicaments en accès libre dans la grande distribution entraînerait une baisse des prix d’environ 25%. Lucien Bennatan, président du Groupement PHR qui rassemble 12% des officines françaises, n’en croit pas un mot. « La dispensation des médicaments par la grande distribution aura peut-être un impact bénéfique sur les prix, mais à court terme seulement. (En revanche), ils risquent d’augmenter fortement d’ici 3 à 5 ans ».

« C’est une réaction corporatiste qui ne prend pas en compte les patients », rétorque M.E. Leclerc. « Il ferait mieux de fustiger ceux qui vendent beaucoup trop cher ! Encore une fois, les écarts de prix constatés dans l’étude sont vraiment hétérogènes, inexplicables et aléatoires ».

Quant au risque de contrefaçon, régulièrement mis en avant par les pharmaciens, Michel-Edouard Leclerc a une réponse toute trouvée : « Chacun sait que le vrai risque réside dans la vente sur Internet ». Laquelle à en croire les autorités françaises, serait quasiment inéluctable…

  • Source : Communiqué E.Leclerc, 13 janvier 2011 – Etude conduite par le BIPE, du 13 au 22 décembre 2010, sur les médicaments à prescription médicale facultative, non-remboursée (PMF-NR). Et réalisée auprès 125 pharmacies dans 5 zones géographiques françaises (autour de Vitry-sur-Seine, Clermont-Ferrand, Echirolles, Mont-de-Marsan et Rodez). – Groupe PHR, 13 janvier 2011 – Interview de Michel-Edouard Leclerc, 13 janvier 2011

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