Médicaments, la contrefaçon traquée depuis Tours

04 juin 2013

Entre le vrai (à gauche) et le faux, une question de couleur. © Destination Santé

Les médicaments contrefaits sont de véritables bombes à retardement pour la santé du patient.  Ils constituent également un manque à gagner considérable pour leurs propriétaires, les laboratoires pharmaceutiques.  Autant de bonnes raisons pour ces derniers de partir en croisade contre les faussaires. Rencontre avec les scientifiques du laboratoire central d’Analyse des Contrefaçons de Sanofi à Tours (Indre-et-Loire). Leur mission, mettre au jour les produits falsifiés qui circulent dans le monde entier. Reportage.

C’est en 2008, que le laboratoire Sanofi s’est doté de ce laboratoire de recherche, pas comme les autres. Plus de 300 personnes y travaillent, au service du médicament dans un environnement très protégé. Port de la blouse, de la charlotte et des lunettes de protection obligatoire, sans oublier l’application régulière de gel hydro-alcoolique sur les mains.

Ici, on ne découvre pas de nouvelles molécules mais on traque les produits de contrefaçon. « Traquer », c’est exactement le terme, tant les analyses relèvent d’un épisode de la série américaine « Les Experts ».

Dès la réception des produits, ces experts s’affairent. Chacun à son poste cherche la petite bête. Celle qui lui permettra d’affirmer que « ce médicament est un faux ». La plus grande part des produits reçus par le laboratoire provient de la surveillance des marchés – achats dans des zones dites « à risque » et sur le Net – mais aussi des saisies douanières.

Premier niveau d’analyse, le plus simple serions-nous tenté d’écrire, la recherche d’informations dans la base de données. Numéro de lot, date de fabrication… sont autant d’éléments à éplucher pour certifier que le produit a bel et bien été fabriqué sur un site Sanofi.

Le second examen consiste à examiner à la loupe les emballages, les notices d’utilisation et autres tailles et formes des médicaments. Un vrai travail de fourmi car pour démêler le vrai du faux, le simple point sur un « i » peut faire la différence (voir ci-contre). Et pour les aider dans leurs tâches, les laborantins disposent de supports parfois inattendus. Comme une ancienne machine… à détecter les faux billets !

Si ces deux premières étapes n’ont mis en évidence aucune anomalie, la chimie entre en jeu. L’empreinte chimique est observée grâce à des techniques de spectroscopie avant d’être comparée avec la molécule de référence.

L’arme ultime pour repérer les contrefaçons repose sur l’analyse chimique poussée par chromatographie, gazeuse ou liquide. Elle vise à identifier des composés inconnus présents en quantités infimes. « Voilà qui nous a permis de retrouver du talc, du ciment et même aucun principe actif parfois » nous a expliqué une chercheuse.

Au sortir du labo, une question demeure. Dans ce genre d’activité, à quel moment est-on le plus satisfait ? Lorsque l’on découvre un faux ou quand on n’en trouve pas ? Certains laborantins l’admettent, « il y a toujours une petite montée d’adrénaline à découvrir une contrefaçon. »

« Rien qu’en 2012, environ 3 000 produits ont été analysés. Parmi eux 200 étaient des faux » explique Nathalie Tallet, responsable du Laboratoire central d’Analyse des Contrefaçons. Et ensuite ? « Ces résultats permettent de fournir des bases solides afin de mobiliser les autorités locales, mener des actions juridiques… »  En trois ans, toutes ces procédures ont permis de démanteler 35 labos sauvages dans le monde.

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : David Picot

 

  • Source : De notre envoyé spécial au Laboratoire central d’Analyse des Contrefaçons, Sanofi, Tours, 14 mai 2013

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