Trop de médicaments, un danger pour les séniors

17 juin 2024

Les entreprises du médicament alertent dans une campagne sur les risques liés aux traitements, particulièrement chez les plus de 65 ans, nombreux à prendre plus 5 médicaments par jour. Explication.

Les entreprises du médicament (Leem) appellent à réduire le nombre de médicaments chez les plus de 65 ans. « Au-delà de 5 médicaments par jour, surtout après 65 ans, demandez à votre médecin ou votre pharmacien si vous pouvez en prendre moins », enjoint le Leem dans une campagne lancée le 4 juin et baptisée Médicamieux. Selon l’organisation professionnelle, la iatrogénie médicamenteuse (l’ensemble des effets indésirables liés à la prise d’un ou plusieurs médicaments) serait responsable de plus de 200 000 hospitalisations et de milliers de décès prématurés chaque année en France. Selon une étude* réalisée en 2018, 8,5 % des hospitalisations étaient liées à des effets indésirables médicamenteux.

Les symptômes sont très divers : fatigue, trouble de la vision, chute, hémorragie digestive… Ils sont associés à  une erreur dans la prise d’un médicament, une interaction entre médicaments, entre des médicaments et des aliments, au médicament lui-même ou à une allergie, énumère Ameli.fr.

Pourquoi les personnes âgées sont-elles particulièrement à risque ?

Logiquement, le risque augmente chez les personnes âgées qui sont plus nombreuses à souffrir de plusieurs pathologies et plus à même de se voir prescrire plusieurs médicaments. En outre, avec l’âge, certaines fonctions sont altérées :

  • Une absorption des médicaments moindre : les organes digestifs fonctionnent plus lentement et le transit intestinal est ralenti avec un impact potentiel sur les quantités de médicaments qui passent dans l’organisme.
  • Une élimination des médicaments moins efficace : les reins et le foie jouent un rôle important dans l’élimination des médicaments, ils fonctionnent plus lentement avec l’âge et éliminent plus lentement les toxines ; on devient plus sensible aux effets des médicaments.
  • Une diminution de la sensation de soif qui peut entraîner une réaction en chaîne : déshydratation, concentration supérieure du médicament dans l’organisme, augmentation de la toxicité.

Ces changements peuvent altérer l’efficacité du traitement mais aussi la tolérance du patient avec l’apparition d’effets indésirables.

Le rôle central du médecin traitant

Selon un sondage Odoxa réalisé pour le Leem, les plus de de 65 ans déclarent prendre en moyenne 3 médicaments par jour (un chiffre plus proche de 5 selon les déclarations de l’entourage), 14 % déclarent en prendre plus de 5 quotidiennement. Toujours parmi les séniors, 44 % souhaitent réduire le nombre de médicaments, dont 73 % parmi ceux qui prennent plus de 5 médicaments par jour.

81 % des personnes interrogées indiquent que leur médecin traitant revoit la liste des médicaments qu’ils prennent. Cela devrait être systématique. Comme le note l’Assurance maladie, « l’ajout d’un médicament au traitement habituel ne peut être décidé que par votre médecin traitant ».

Quelles sont les bonnes pratiques ?

Parmi les 10 recommandations formulées par le Leem, celui-ci plaide pour un respect sans faille de la posologie, une communication à son médecin de tout événement particulier (hospitalisation, choc émotionnel), de tout effet indésirable soupçonné.

L’organisation professionnelle recommande également de ne jamais décider seul d’interrompre ou espacer un traitement, la tenue d’un bilan au moins tous les ans et à chaque renouvellement d’ordonnance avec son médecin traitant, la conservation des boîtes de médicaments et de leur notice et l’inscription du nom du médicament d’origine sur les boîtes de générique.

 

A savoir : une étude menée en 2017 par 60 Millions de consommateurs, France Assos santé et Santéclair avait identifié chez les 65 ans et plus, 154 292 patients polymédiqués (au moins 7 médicaments différents prescrits ou pris en automédication sur 3 moins consécutifs). Ceux-ci avaient pris en moyenne, 14,4 médicaments différents sur la période dont 13,6 médicaments différents prescrits. L’étude montrait que 89 % de ces polymédiqués étaient confrontés à au moins 3 situations à risque, avec une moyenne de plus de 5 situations à risque. Seuls 0,5 % d’entre eux n’étaient confrontés à aucun risque iatrogénique grave.

*Etude Iatrostat, 2018

  • Source : le LEEM, Ameli.fr, Etude Iatrostat (2018), 60 Millions de consommateurs

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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