Médicaments : les secrets de la bonne observance

27 décembre 2012

Vous trouvez votre ordonnance trop compliquée, vous avez des difficultés à mémoriser la posologie ou l’espacement des doses ? Il y a mille raisons d’oublier de prendre un médicament, ou de mal l’utiliser. Pourtant, le secret de l’efficacité du traitement tient pour beaucoup, en une bonne observance. Le Pr Jean-Paul Giroud, membre de l’Académie nationale de médecine et spécialiste en pharmacologie clinique, nous livre ses clés pour s’y retrouver.

Ne perdons pas de vue que « l’observance, c’est l’adéquation entre les comportements du patient et les conseils de son médecin » nous explique-t-il. « Le terme ‘d’observance’ d’ailleurs, est mal employé. On devrait parler d’adhérence ou d’adhésion au traitement. Le concept d’observance ne met en cause que le patient. Avec ‘Adhésion’, on parle de la capacité du patient à répondre à une demande active, celle de son médecin. D’ailleurs l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) parle plutôt d’adhésion ». Alors puisque c’est de cela qu’il s’agit, comment adhérer au mieux?

Dialoguer avec son médecin Pour Jean-Paul Giroud, c’est là une « première étape essentielle. Celle qui permettra de faire en sorte que le patient dispose de toutes les informations pour respecter son traitement. Malheureusement, le manque de temps limite parfois ce dialogue. En France, la durée d’une consultation est d’environ 13 minutes. Pour qu’un certain nombre de messages puisse passer, elle devrait être beaucoup plus importante. C’est indispensable pour permettre une bonne explication, orale mais également écrite, par le biais de l’ordonnance ».

Idéalement pour notre spécialiste, « le patient devrait pouvoir compter sur trois sources claires et complémentaires d’information : le médecin, le pharmacien ET la notice » Trois éléments d’importance. En 2005 en effet, un sondage BVA/Destination Santé nous apprenait que « 72% des patients considèrent que leur médecin demeure la meilleure source d’informations sur les médicaments prescrits. Pour 55% des interrogés, c’est le pharmacien. Quant à la notice dont une idée reçue voudrait que personne ne la lise, elle serait lu systématiquement par 6 patients sur 10 ».

Matin-midi et soir, quel intérêt ? « Le respect impératif des horaires de prise du médicament nous renvoie en fait, à la pharmacocinétique du médicament. C’est-à-dire au devenir de la substance dans l’organisme du malade. Si vous devez le prendre le matin puis à midi et enfin le soir, cela signifie que la concentration de ce médicament dans l’organisme doit être constante, tout au long de la journée ». Voilà pourquoi il est important de respecter la posologie, le moment de la prise et la durée du traitement ;

A jeun ou au cours d’un repas ? Là encore le Pr Giroud conseille la plus grande attention. « Tout simplement parce que certains médicaments, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ont un effet délétère sur le tube digestif. Dans ce cas, il est indispensable de ne pas les prendre à jeun. A contrario, certains traitements antibiotiques imposent une prise à jeun. C’est à dire 1h30 à 2 heures avant un repas. Les aliments peuvent en effet parfois ralentir voire accélérer le passage d’une substance dans le sang » :

De l’eau, rien que de l’eau… Un médicament pris au petit déjeuner avec le jus d’orange matinal, c’est plus facile, non ? Pour Jean-Paul Giroud, « seule un grand verre d’eau permet d’éviter que les gélules ou les granules ne se collent au niveau de l’œsophage. Evitez les autres boissons comme les colas ou le lait qui peuvent modifier l’action du médicament. Sans oublier le risque de certaines interactions médicamenteuses. Comme le jus de pamplemousse, dont il est prouvé qu’il inhibe ou au contraire qu’il potentialise l’effet de certains médicaments. Un surdosage peut avoir des conséquences très graves sur l’organisme » ;

Les médicaments…mais pas seulement ! L’observance passe avant tout par le respect de règles hygiéno-diététiques. Par exemple, dans le cas d’une prescription médicamenteuse contre l’hypertension, il est nécessaire d’arrêter le tabac. Ce sevrage tabagique évidemment, fait partie intégrante de l’observance ;

Pas d’arrêt sans instructions. Enfin seul le médecin jugera s’il est opportun d’arrêter votre traitement. Et cela, même si vous vous sentez mieux.

  • Source : Interview du Pr Jean-Paul Giroud, 23 novembre 2012

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