Mélatonine : les effets indésirables trop peu mentionnés sur les boîtes
16 novembre 2022
En ces temps incertains, à cause du stress ou d’un rythme en décalé, le sommeil peut être difficile à trouver. Alors il arrive que l’on se tourne vers les compléments alimentaires contenant de la mélatonine, qui promettent le retour à des nuits plus sereines. Et ce n’est pas sans risque, rappelle la DGCCRF.
Haro sur la mélatonine ! Pas la naturelle, celle qui est sécrétée par le cerveau et qui est essentielle à la régulation de notre sommeil, car elle informe notre organisme de l’alternance entre le jour et la nuit. Mais la mélatonine synthétique, que l’on retrouve dans nombre de compléments alimentaires censés faciliter les nuits tranquilles.
Le marché a d’ailleurs explosé, indique la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) : elle a recensé 700 nouvelles références de compléments alimentaires contenant de la mélatonine rien qu’entre 2019 et 2021. Si ses services se sont intéressés à la mélatonine synthétique, c’est à la suite d’une publication de recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) datant de 2018.
Effets indésirables
L’Anses recommandait alors de ne pas utiliser de compléments alimentaires contenant de la mélatonine aux « personnes souffrant de maladies inflammatoires ou auto-immunes », aux « femmes enceintes et allaitantes », aux « enfants et adolescents » et aux « personnes devant réaliser une activité nécessitant une vigilance soutenue et pouvant poser un problème de sécurité en cas de somnolence ».
Aux personnes épileptiques, asthmatiques, souffrant de troubles de l’humeur, du comportement ou de la personnalité ou suivant un traitement médicamenteux, l’Anses conseillait de ne pas en consommer sans avis médical. En cause : un nombre conséquent d’effets indésirables, allant des céphalées aux vertiges, en passant par des tremblements, des éruptions cutanées ou des douleurs abdominales.
« Recommandations contradictoires »
Les fabricants ont-ils tenu compte de ces recommandations ? Figurent-elles sur les boîtes des compléments alimentaires (la mélatonine est en vente libre en pharmacie, parapharmacie et sur Internet) ? C’est ce qu’ont vérifié les agents de la DGCCRF, aussi bien chez les fabricants que chez les distributeurs. « La teneur en mélatonine a été mesurée dans 51 échantillons de compléments alimentaires contenant de la mélatonine », issus de 74 établissements.
Premier constat, plutôt positif : « pour 90% des échantillons prélevés, la teneur en mélatonine dosée est cohérente avec celle mentionnée sur l’étiquette » et « l’apport journalier en mélatonine lié à la consommation des compléments alimentaires est inférieur à 2 mg/jour comme le recommande l’Anses ». En revanche, déplore la DGCCRF, « le consommateur n’est pas correctement informé sur la dose de mélatonine nécessaire pour obtenir l’effet annoncé ». Soit à partir d’1 mg pour réduire le temps d’endormissement, et de 0,5 mg pour limiter l’effet du décalage horaire.
Les recommandations à l’intention des populations sensibles, elles, sont insuffisantes, voire « contradictoires avec les recommandations de l’Anses. C’est le cas, par exemple, des compléments alimentaires dont l’étiquette indique qu’ils peuvent être consommés par les enfants ». Au total, la DGCCRF a rédigé 26 avertissements et pris 9 mesures de police administrative. Et recommande à nouveau la plus grande vigilance face à ces compléments alimentaires, notamment pour les personnes identifiées comme sensibles pas l’Anses.