Méningite à méningocoque à Rennes : quand suspecter cette infection grave ?

05 février 2025

Une jeune femme de 18 ans vient de décéder d’une méningite à méningocoque B en Ille-et-Vilaine. Une quarantaine de cas contacts sont placés sous surveillance. Depuis la période COVID, le nombre de cas progresse en France. Pour mieux prévenir ces infections invasives, dont l’issue peut être dramatique, la vaccination obligatoire a été élargie le 1er janvier 2025 chez le nourrisson, contre les sérogroupes ACWY et B.

Une femme de 18 ans est décédée ce lundi 3 février en Ille-et-Vilaine des suites d’une méningite à méningocoque B. Chez cette patiente, après des symptômes évoquant un syndrome grippal classique, l’infection a progressé de manière fulgurante.  

L’Agence régionale de santé (ARS) Bretagne a signalé depuis le 31 janvier des cas groupés de méningite à méningocoque B en Ille-et-Vilaine (Rennes et Chantepie) au sein d’une même famille et ont identifié une quarantaine de cas contacts. Ces derniers ont pu bénéficier d’un traitement antibiotique prophylactique par voie intraveineuse (pénicilline G, généralement administré pendant 4 à 7 jours). A ce jour, deux malades sont toujours hospitalisés au CHU de Rennes, leur état est en voie d’amélioration. 

Une recrudescence des cas de méningite à méningocoque en France   

Le nombre de cas de méningite à méningocoque est en augmentation depuis la période de la Covid-19, durant laquelle celui-ci avait chuté à 219 cas en 2020 et 120 en 2021 en raison des mesures barrières. Depuis, une reprise est observée avec 323 cas en 2022 et 560 en 2023. 

Neisseria meningitidis, ou méningocoque, est une bactérie exclusivement humaine placée sous haute surveillance par le Centre national de référence des méningocoques et Haemophilus influenzae. Douze familles de méningocoques (sérogroupes) ont été identifiées, principalement les A, B, C, W et Y. Cette bactérie colonise occasionnellement le rhino-pharynx, avec un taux de portage variant de 5 à 10 % dans la population générale. Sa transmission, très facile, se fait par les sécrétions rhino-pharyngées (toux, éternuements) lors de contacts étroits (moins d’un mètre, face à face). Elle est favorisée par la fréquence et la durée des interactions ainsi que, probablement, par certaines infections respiratoires virales. Chaque hiver, les pics d’infections invasives à méningocoque (IIM) coïncident ainsi avec ceux des cas de grippe.  

Au départ, une simple fièvre…. 

Bien que le portage soit généralement asymptomatique, Neisseria meningitidis est un agent majeur d’infections invasives communautaires, qui peut entraîner le décès dans 8 à 10 % des cas. Ces infections, qui constituent des urgences vitales, touchent principalement les enfants et les adolescents.   

Dans la plupart des cas, une infection à méningocoque reste bénigne, provoquant des infections respiratoires ou ORL telles que l’angine, l’otite ou la sinusite, ainsi que des panaris. Toutefois, dans de rares cas, les bactéries peuvent pénétrer dans le sang et franchir la barrière hémato-méningée pour infecter le liquide céphalo-rachidien, entraînant un œdème et une inflammation des méninges, les membranes enveloppant le cerveau et la moelle épinière. 

La méningite se manifeste par un syndrome associant des maux de tête violents, des vomissements, une raideur de la nuque, ainsi que des douleurs musculaires et articulaires. L’état général peut rapidement se détériorer. D’autres formes cliniques, plus graves, peuvent survenir, notamment le purpura fulminans, caractérisé par l’apparition de taches rouges ou violacées sur la peau et un risque d’évolution rapide vers une défaillance circulatoire (incapacité du système cardiovasculaire à irriguer les organes). Des troubles de la conscience ou un syndrome confusionnel peuvent également apparaître, parfois associés à des signes abdominaux aigus.   

D’autres formes invasives, souvent moins sévères, sont également observées, comme des arthrites (infections des articulations), des péricardites (inflammations du péricarde, la membrane entourant le cœur), des endophtalmies (infections de l’intérieur de l’œil) ou des pneumonies. Le diagnostic de ces formes atypiques est confirmé par la mise en évidence de la bactérie dans le sang (bactériémie).  

En cas de symptômes, consultez un médecin en urgence ou appelez le 15. 

Vaccination obligatoire contre les sérogroupes de méningocoque B et ACWY 

Les méningocoques, et plus particulièrement les sérogroupes CWY et B, représentent une menace sérieuse pour la santé publique. En 2023, les infections invasives à méningocoques (IIM) étaient majoritairement liées aux sérogroupes B (44 % des cas), W (29 % des cas, soit 2,5 fois plus qu’en 2022) et Y (24 % des cas, soit 1,7 fois plus qu’en 2022). 

Bien que ces données puissent sembler faibles en valeur absolue, ces infections sont mortelles dans plus d’un cas sur dix malgré le traitement antibiotique, en raison de leur évolution fulgurante. Le sérogroupe W est particulièrement virulent, avec un taux de mortalité de 19 % (contre 7 % pour le sérogroupe B et 8 % pour le sérogroupe Y). Ces infections invasives peuvent également entraîner des séquelles invalidantes chez environ 40 à 50 % des « survivants » (amputations, surdité, épilepsie, troubles cognitifs… etc.).  

L’obligation vaccinale contre les sérogroupes ACWY et B chez le nourrisson est entrée en vigueur le 1er janvier 2025. En remplacement de la vaccination contre le méningocoque C, la vaccination tétravalente ACWY est désormais obligatoire chez le nourrisson et recommandée chez les adolescents âgés de 11 à 14 ans. Un rattrapage vaccinal contre les méningocoques ACWY est recommandé chez les personnes âgés de 15 à 24 ans révolus. 

Lire : Méningites et septicémies à méningocoques, quelles vaccinations ? 

  • Source : Communiqué ARS Bretagne du 05/02/25 ; Stratégie de vaccination contre les infections invasives à méningocoques : Révision de la stratégie contre les sérogroupes ACWY et B recommandation en santé publique – HAS Mis en ligne le 27 mars 2024 ; calendrier des vaccination 2024 ; vaccination-info-service.fr.

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Vincent Roche

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