











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » Méningite C : faut-il vacciner ?
Selon les pays, le calendrier vaccinal n’est pas le même. Concernant la prévention contre la méningite à méningocoque C par exemple, la France n’a pas encore choisi de généraliser la vaccination. Et ce malgré l’augmentation régulière des cas depuis 1996 et la forte pathologie hivernale prévue cet hiver.
Après une recrudescence de méningites C en 1999 (998 cas dont 150 mortels), nos voisins britanniques eux, ont instauré la vaccination systématique entre 2 mois et 20 ans. Résultat : le nombre de cas a chuté de 81% sur trois ans ! Les autorités de santé françaises ont réactualisé en 2003 leurs recommandations en matière de vaccination. Ainsi, elles ont décidé à juste titre d’ajouter au calendrier vaccinal, et donc de rembourser, le vaccin contre la méningite à pneumocoque, prévenant ainsi quelques 150 à 200 cas de méningites à pneumocoque chez l’enfant ayant une mortalité de 8%.
Là où la logique française paraît discutable, c’est que l’usage du vaccin contre les méningites à méningocoque C n’est pas encore généralisé. Pourtant, il y a eu en 2002 en France environ 280 cas de méningocoque C avec une mortalité de 18% !
Le Dr Alain Fisch, aux urgences du CH de Villeneuve St Georges dans la région parisienne, rappelle qu’« en France, la généralisation d’une vaccination par l’Etat implique son remboursement. La Grande-Bretagne par exemple, fournit gratuitement le vaccin contre la méningite C ». Or en France, toutes les mesures concourent à réduire les dépenses. Si comme certains médecins on y voit le motif du non-remboursement du vaccin contre la méningite C – notamment – c’est paradoxal.
Distinguons bien en effet, le bénéfice de santé publique recherché par les autorités – y compris donc la notion de coût – du bénéfice de protection individuelle recherché par les parents… Dans le premier cas, un état va protéger une population – en tout ou partie – pour un coût donné. Et même s’il y aura des cas de maladie, dont éventuellement des cas mortels, la question à laquelle voudra répondre l’autorité sera celle du meilleur rapport coût-efficacité de l’action engagée… C’est difficile à admettre mais c’est ainsi.
Pour les parents, l’approche est toute autre. Il s’agit pour eux de prémunir leur enfant d’une maladie grave et de ses conséquences… C’est évidemment, et dès lors que la vaccination est bien tolérée, ce que recherche tout parent normalement constitué. C’est aussi ce que les médecins recherchent pour leurs patients.
« D’ailleurs, en cas de refus de la vaccination aujourd’hui, certains médecins font signer une décharge à leurs patients, après les avoir informés de la gravité de la méningite C et de l’existence du vaccin », confie Alain Fisch. Il arrive ainsi que le corps médical se prémunisse contre d’éventuelles retombées judiciaires en cas d’infection. C’est le parent qui prend le risque de ne pas faire vacciner son enfant, en toute connaissance de cause. « D’ailleurs, les enfants de médecins sont pour la plupart vaccinés contre la méningite C », ajoute-t-il.
Ce n’est pas parce que l’utilisation d’un vaccin efficace n’est pas «généralisée» ni remboursée, qu’il n’est pas utile ou… indispensable ! Un vaccin existe contre une maladie grave, parfois mortelle. Il serait dommage de ne pas l’utiliser, quand tant de maladies graves attendent un vaccin…
Source : interview du Dr Alain Fisch ; BEH 06/2003 ; Rapport du Groupe Technique de National de Définition des Objectifs, DGS mars 03 ; Panorama du médecin, n°4889-4890, avril 2003 ; MEDEC 2003
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