MICI : environnement déréglé, intestins en danger ?

10 mai 2023

Tabac, aliments ultra-transformés, pollution, excès d’antibiotiques, pesticides… : voici quelques-unes des substances mises en cause dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). S’en éloigner diminue le risque d’avoir un jour une maladie de Crohn ou une rectocolite hémorragique. Et freine le risque d’aggravation chez les patients déjà diagnostiqués. Faisons le point à l’occasion de la Journée mondiale des MICI, organisée le 19 mai prochain et coordonnée en France par l’AFA Crohn RCH France.

La maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, rassemblées sous le nom de MICI, concernent 300 000 Français. Diagnostiquées en majorité chez les 15-30 ans, elles touchent de plus en plus fréquemment les plus jeunes : 20% des patients sont des enfants. Une période de la vie à laquelle la prise en charge s’avère particulièrement difficile.

Comment se traduisent les MICI ?  Par des troubles digestifs lors des poussées de la maladie (diarrhées nombreuses et impérieuses, douleurs abdominales…), articulaires et dermatologiques. Autant de symptômes perturbant souvent la vie sociale, professionnelle et intime. Sans compter la fatigue physique chronique comme psychique qui peut s’installer.

Quand l’environnement altère le microbiote intestinal…

La part génétique des MICI reste minime. Certains facteurs environnementaux jouent pour beaucoup dans l’altération du microbiote intestinal (flore intestinale). Et donc dans la survenue ou dans l’aggravation de la maladie de Crohn ou de la rectocolite hémorragique. « Un exemple simple : vous vivez dans un pays où il n’y a pas beaucoup de MICI vous prenez l’avion, vous venez vivre dans un pays où il y a beaucoup de MICI, et en une génération vous récupérez le risque du pays », étaye le Pr Laurent Peyrin-Biroulet, gastro-entérologue et hépatologue à Nancy. « Ce ne sont pas les gènes qui ont changé pendant le transport en avion ou à l’aéroport, mais c’est bien l’environnement. »

Eviter les risques et prévenir les complications

Bonne nouvelle, il n’est jamais trop tard pour prendre soin de soi. L’objectif : éviter la maladie ou prévenir les complications pour les patients déjà diagnostiqués. Ainsi, se prémunir d’une maladie de Crohn ou d’une rectocolite hémorragique, ou de leurs complications, est possible :

  • Pendant l’enfance: parce qu’ils permettent un bon développement du système immunitaire, l’allaitement et une hygiène non excessive ont un effet protecteur contre les MICI. Mieux vaut éviter quand c’est possible, une consommation excessive et non justifiée d’antibiotiques (un enjeu majeur aussi dans la lutte contre l’antibiorésistance), deux facteurs de risque de MICI.
  • A l’âge adulte: Principaux toxiques à éviter : la surconsommation d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), les aliments ultra-transformés et les pesticides, impliqués dans le développement d’une MICI. Le tabac, lui, augmente le risque de développer une maladie de Crohn et de souffrir de ses complications. 

A tous les âges, il est conseillé de privilégier une alimentation équilibrée, de saison et la moins transformée possible, de pratiquer une activité physique régulière.  Et de surveiller une carence éventuelle en vitamine D. 

Les facteurs environnementaux, thème de la journée mondiale 2023

La Journée mondiale des MICI, le 19 mai, aura pour thème « Environnement déréglé : intestins en danger ». Cet événement est porté dans l’Hexagone par l’association AFA Crohn RCH France, avec une ambition claire : faire reconnaître les MICI comme des maladies environnementales.

Temps forts de cette journée : l’illumination des bâtiments en violet, couleur choisie pour symboliser les MICI. Mais aussi le défi mobilisateur « la fleur au ventre », que chacun est libre d’interpréter à sa façon : A vos croquis, dessins, tatouages… vous pourrez ensuite les poster sur les réseaux sociaux précédés du #WorldIBDday !

Les jours précédents la Journée mondiale, l’association propose également différents rendez-vous d’information et de sensibilisation, nationaux et régionaux, dont un webinaire le 16 mai à 18h30 sur l’évolution du microbiote dans l’Histoire et les enjeux environnementaux.

Comme le rappelle le Pr Peyrin-Biroulet, « trouver des facteurs causaux environnementaux c’est une aiguille dans une botte de foin. C’est donc un effort national et international de recherche qu’il faut fournir, la France doit prendre le lead sur ce sujet et nous devons aller le plus loin possible dans la direction de la piste environnementale ».

Un enjeu de recherche prioritaire pour Anne Buisson, directrice de l’Afa : « Nous le savons maintenant que la tendance actuelle est une augmentation importante des MICI chez des personnes jeunes voire très jeunes. Trouver des facteurs d’environnement pourrait à terme éviter une multiplication des cas diagnostiqués en prévenant l’apparition de la maladie. »

Soutenir les malades, les proches, et la recherche

L’AFA Crohn RCH France est l’unique association nationale engagée dans la lutte contre les MICI, à travers plusieurs actions :

  • L’aide au financement de la recherche pour améliorer la connaissance des MICI (notamment des mécanismes d’action des facteurs environnementaux) et le développement de nouvelles pistes thérapeutiques ;
  • L’information et l’accompagnement des malades et des proches dans le quotidien pour apprendre à vivre avec la maladie (via des actions, outils, services) ;
  • La défense des droits des malades et la sensibilisation des politiques et du grand public sur les MICI et le handicap invisible.

Pour plus d’informations sur la Journée mondiale des MICI et le programme de cette édition, rendez-vous sur le site de l’AFA Crohn RCH France : https://www.afa.asso.fr

  • Source : AFA Crohn RCH France. Environnement déréglé : intestins en danger. Dossier de presse « Journée mondiale des MICI 2023 » - AFA Crohn RCH France. Environnement déréglé : intestins en danger. Vidéo « Journée mondiale des MICI 2023 » - Inserm. Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI). Contrôler les symptômes pour retrouver une qualité de vie satisfaisante. Consulté en avril 2023

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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