Microbiotes : la prime à la diversité

06 novembre 2015

Au fur et à mesure qu’il se dévoile, le microbiote n’en reste pas moins intriguant et fascinant. Enfin, les microbiotes devrait-on dire, puisqu’il en existe plusieurs, avec l’écosystème intestinal (ou flore intestinale), buccal, vaginal, placentaire… « Nous ne connaissons que la face émergée de l’iceberg », nous explique Angèle Guilbot, directrice scientifique de Pileje, laboratoire menant des travaux de recherche dans ce domaine. Lequel a également développé un site grand public (http://www.probiotiques-sante.fr/) sur ce sujet. L’enjeu : nous donner les clés pour maintenir une flore diversifiée, rempart contre de nombreuses maladies.

La flore intestinale n’est plus la seule à figurer sous la loupe des chercheurs. « Nous avons également un microbiote cutané, buccal, digestif, vaginal, placentaire et à l’intérieur des glandes mammaires », explique Angèle Guilbot. « Nous pouvons considérer l’ensemble comme un ‘super organe’. En revanche, pour l’heure, nous ne savons pas vraiment comment tous ces écosystèmes communiquent entre eux. Disons qu’ils ne sont pas totalement indépendants les uns des autres ». Un exemple ? Des études ont montré un lien troublant entre la parodontite de la femme enceinte et le risque d’accouchement prématuré. « Il y aurait une dissémination de bactéries néfastes de la bouche vers le liquide amniotique via le placenta mais également par voie vaginale ».

Un microbiote diversifié

De bonnes bactéries d’un côté, des mauvaises de l’autre… Les qualités d’un microbiote favorable à la santé ne sont plus basées sur ce seul équilibre. Aujourd’hui, l’heure est surtout à la diversité, « sur le plan bactérien », complète Angèle Guilbot. Autrement dit, plus le microbiote est diversifié plus le risque de survenue de certaines pathologies recule. A l’image du diabète, de l’obésité, deux maladies pour lesquelles le rôle de l’écosystème intestinal est avéré.

Misez sur les fibres

Tout l’enjeu est donc de favoriser puis de maintenir cette diversité bactérienne. Si des facteurs génétiques influencent le développement et la composition du microbiote, bien souvent, la clé se trouve aussi dans nos assiettes. Misez sur les fibres ! Elles favorisent une dynamique positive au niveau de sa composition bactérienne. Comme vous le constaterez sur le site http://www.probiotiques-sante.fr/, c’est particulièrement le cas de l’oignon, de l’ail, du poireau, de l’asperge, du blé, du riz, de l’avoine, de la banane, du salsifis, ou encore du cœur d’artichaut.

Alimentation et complémentation

Les niveaux de preuves augmentent également quant à l’intérêt des probiotiques. Il s’agit de micro-organismes vivants qui exercent des effets positifs sur la santé s’ils sont ingérés en quantité suffisante. Tous ne se valent pas : l’action sur l’organisme est dépendante de la nature et de la spécificité d’une souche bactérienne et de ses propriétés. L’intérêt des probiotiques est bien documenté dans la prévention et le traitement des infections diarrhéiques aiguës ainsi qu’en prévention des gastro-entérites à rotavirus. De la même façon, ils amélioreraient la qualité de vie des patients souffrant d’un syndrome de l’intestin irritable. Une complémentation en probiotiques ne risque-t-elle pas toutefois de bouleverser la diversité du microbiote, en privilégiant certaines bactéries au détriment d’autres ? « Non », rétorque Angèle Guilbot. « Les bactéries en question colonisent les intestins de façon transitoire. Leur objectif est de rétablir une dynamique perdue, consécutivement par exemple à une antibiothérapie. Ou à une diarrhée donc ». 

Un site pour s’informer

L’importance de la diversité des microbiotes, les liens avec notre santé, les avancées scientifiques mais aussi le dialogue passionnant entre notre intestin et notre cerveau… retrouvez tous ces éléments sur le site www.probiotiques-sante.fr. Au-delà des notions-clés, vous retrouverez également de nombreux conseils pour comprendre les différents troubles et agir en conséquence. Que ce soit à travers des articles, des vidéos de scientifiques ou des infographies. Un contenu très diversifié en somme…

  • Source : Interview Angèle Guilbot, 27 octobre 2015 – Aurélie Cotillard et al. "Dietary intervention impact on gut microbial gene richness", Nature, 29 août 2013 – INSERM, 29 août 2013

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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