Moins de viande pour vivre plus longtemps ?

29 mars 2012

La viande a souvent été accusée d’augmenter le risque de maladies : des cancers, des maladies cardiovasculaires ou encore la polyarthrite rhumatoïde. Selon une étude américaine, sa consommation pourrait de surcroît, augmenter le risque de mort prématurée. C’est-à-dire avant l’âge de 65 ans. Devrons-nous pour autant éliminer steaks et saucisses de nos assiettes ?

Dans le cadre d’une étude menée par une équipe de l’Université Harvard de Cambridge (Massachusetts), plus de 120 000 Américains ont été suivis pendant près de 20 ans. Tous appartenaient à de larges cohortes. Les hommes faisaient partie de la Health Professionals Follow-up Study et les femmes de la Nurses’ Health Study. Aucun ne souffrait de maladie cardiovasculaire ou de cancer au début de l’étude. Les auteurs les ont interrogés sur leurs habitudes alimentaires tous les 4 ans, pendant toute la durée de ces études.

Au cours de cette période de suivi, plus de 23 000 décès ont été enregistrés. Les résultats ont révélé que « 9,3% des décès survenus chez les hommes, et 7,6% de ceux observés chez les femmes, auraient pu être prévenus si tous ces individus n’avaient pas consommé plus de 42g de viande par jour en moyenne ». Beaucoup de ces patients seraient morts en effet – surtout de maladies cardiovasculaires ou de cancers – parce qu’ils mangeaient trop de bœuf, de porc ou d’agneau. Pour réduire le risque, il faudrait selon les auteurs, se limiter à trois morceaux de viande d’une centaine de grammes chacun par semaine. Soit en moyenne, un peu plus de 42 g par jour…

Toutefois, « il faut être prudent sur les conclusions à en tirer. Dans ce type d’études épidémiologiques, rien ne prouve que les décès soient uniquement liés à la viande », souligne Brigitte Picard, directrice de recherche dans l’équipe « Animal muscle et viande » (AMUVI) à l’Institut national de Recherche en Agronomie (INRA) de Clermont-Ferrand.

Charcuterie contre viande fraîche

Les auteurs américains estiment qu’à choisir, il serait préférable de privilégier la viande fraîche. Car le risque semble encore aggravé si celle-ci est préalablement « transformée », comme c’est le cas du bacon, du saucisson et du salami. « Il est certain qu’il faut distinguer la viande fraîche de la charcuterie, beaucoup plus grasse », acquiesce Brigitte Picard.

Les auteurs recommandent de privilégier pour nos apports quotidiens en protéines, des sources comme le poisson, les noix ou encore les céréales.

Deux pays, deux viandes

Faudrait-il pour autant, en France aussi, réduire notre consommation de viande ? « Entre la viande américaine et la française il y a de très grosses différences » fait valoir Brigitte Picard. « Les races d’animaux d’élevage utilisées Outre-Atlantique sont bien plus grasses que celles que nous connaissons en France. Les méthodes d’engraissement aussi, sont très éloignées. La teneur en lipides des bêtes américaines est ainsi bien plus élevée ». En somme, « un excès en tout est néfaste mais la viande fraîche apporte des nutriments importants dans le cadre d’une alimentation équilibrée », conclut notre spécialiste.

  • Source : Archives of Internal Medicine, 12 mars 2012, interview de Brigitte Picard (INRA) 16 mars 2012

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