Mommy makeover : pourquoi gommer les traces de la maternité ?

08 février 2019

Tendance de plus en plus prégnante en France, le mommy makeover consiste – pour les jeunes mamans – à subir plusieurs interventions esthétiques lors d’une même opération pour effacer la prise de poids liée à la grossesse. Sur les plans physiologique et psychologique, l’impact est bien réel.

Réaliser plusieurs chirurgies esthétiques en une seule et même fois, dans les mois suivant un accouchement… Du nom de mommy makeover, cette mode américaine se propage en France chez les jeunes mamans. Ainsi de plus en plus de femmes ayant accouché se font poser des prothèses mammaires et bénéficient d’une liposuccion.

Pour le Pr Bernard Hédon, président du Collège nationale des obstétriciens et gynécologues français (CNGOF), « cette approche n’est pas du tout justifiée sur le plan médical alors qu’elle induit de vrais risques liés à de longues anesthésies. Plus on multiplie les gestes plus on prend des risques ».

Toutefois, il faut distinguer la chirurgie esthétique de la chirurgie réparatrice à laquelle les femmes ont recours en cas de complications obstétricales. « Cette dernière est l’approche privilégiée en cas de douleurs ou lésions de la vulve, du vagin, d’incontinence, de descentes d’organes ou encore de dyspareunie associée à l’accouchement », détaille le Dr Franck Léonard, gynécologue médical et obstétrical au Centre hospitalier de Cahors.

Accepter la maternité

« Il est essentiel d’écouter le souhait des femmes par rapport à leur corps », continue Franck Léonard, surtout si les complexes deviennent envahissants. « Mais il ne faut pas profiter d’une détresse à ce moment, ne pas oublier qu’après la grossesse et l’accouchement, les jeunes mamans ont parfois un rapport sensible à leur image. C’est au médecin de les accompagner, de leur dire que la chirurgie esthétique n’est peut-être pas la bonne solution. Et surtout leur expliquer à quel point une alimentation équilibrée et une activité physique tonifient naturellement les muscles dans le temps. »

Laisser au corps le temps de se remettre de cette expérience semble en effet essentiel. D’autant que sur le plan psychologique, le regret peut peser lourd. « Certaines femmes disent ‘oui’ à la chirurgie plastique dans les mois suivant leur accouchement mais s’en veulent plus tard. » Pour la femme, il s’agit « de vivre les changements liés à la maternité. Je pense qu’il vaut mieux accepter ce que l’on devient plutôt que de rester dans la nostalgie de ce qu’on était ».

Dans certains cas, « des médecins incitent malheureusement les femmes à la chirurgie esthétique. Une dérive mercantile contraire à l’éthique de médecin », explique le Dr Léonard. Selon Bernard Hédon, « les spécialistes réunis au Congrès de la médecine et de la chirurgie esthétique (IMCAS) ont bien raison de s’inquiéter de cette pratique qui va à l’encontre de leur spécialité ».

  • Source : Interview du Dr Franck Léonard, gynécologue médical et obstétrical au Centre hospitalier de Cahors, le 7 février 2019 - Interview du Pr Bernard Hédon, président du Collège nationale des obstétriciens et gynécologues français (CNGOF), le 8 février 2019

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche

Aller à la barre d’outils