Mortalité infantile : pourquoi la France est-elle si mal placée ?
15 juin 2023
En Europe, la mortalité infantile s’élevait en 2020 à 3,3 décès pour 1 000 naissances. En France, le chiffre grimpe à 3,7 alors que le taux de mortalité infantile ne baisse plus. Explications.
2 700 enfants de moins de 1 an sont morts en France en 2021, soit 3,7 décès pour 1 000 enfants nés vivants. Des chiffres alarmants qui font de la France un pays où la mortalité infantile est supérieure à la moyenne européenne. Selon les données publiées par l’Insee le mercredi 14 juin, le taux de mortalité infantile, bien qu’historiquement bas, a cessé de baisser ces 15 dernières années et a même eu tendance à augmenter entre 2014 et 2017.
En 2021, près de la moitié des enfants décédés avant l’âge de 1 an, n’avait pas une semaine. Un quart d’entre eux est mort entre 7 et 27 jours. La mortalité sur cette période néonatale – jusqu’à 27 jours inclus – concernait 74 % de la mortalité infantile en 2021, contre 65 % en 2005. Cette année-là, la mortalité néonatale avant 7 jours de vie s’élevait à 1,6 décès pour 1 000 naissances vivantes. Le chiffre a grimpé à 2 en 2017 avant de légèrement baisser à 1,9 en 2021.
Pourquoi la mortalité néonatale augmente-t-elle ?
L’Institut national de la statistique avance plusieurs facteurs qui expliquent, en partie, le taux de survie plus faible en France des grands prématurés par rapport aux autres pays européens :
- Les progrès de la médecine permettent aux bébés grands prématurés de naître en vie et non mort-nés ;
- l’âge plus élevé des femmes à la maternité induit davantage de naissances à risque ;
- les naissances multiples, en hausse, puis sur un plateau élevé jusqu’en 2018 avant de décroître légèrement, accroissent également le nombre de naissances à risque ;
- la santé périnatale connaissait une évolution « préoccupante » de certains indicateurs en outre-mer selon un rapport de Santé publique France, publié en septembre 2022 ;
- la précarité sociale grimpe alors que la part d’accouchements couverts par l’Assurance-maladie recule et celle couverte par l’Aide médicale d’Etat augmente ;
- la proportion de sans-abris parmi les femmes qui accouchent est en hausse de même que la proportion de femmes en surpoids ;
- le tabagisme maternel demeure élevé en France.
Enfin, l’Insee avance une dernière explication : en France, plus de femmes ont décidé, entre 2014 et 2018, de garder un fœtus alors qu’une pathologie grave lui avait été diagnostiquée.
Des disparités nationales
Le taux de mortalité infantile est plus élevé dans les départements d’outre-mer, et, dans l’Hexagone, dans le département de la Seine-Saint-Denis notamment. Dans les DOM, ils s’élèvent à 7,7 décès pour 1000 naissances vivantes, bien au-dessus donc, du taux moyen de la mortalité infantile.
En Seine-Saint-Denis, ce chiffre atteint 5,4. Ailleurs en France, les départements où le taux de mortalité infantile est le plus haut sont l’Indre-et-Loire (5,2 ‰ ), le Jura (5,2 ‰ ) et le Lot (5,1 ‰ ). Ces quatre départements de l’Hexagone sont les seuls avec un taux de mortalité infantile supérieur à 5 ‰. Concernant la Seine-Saint-Denis, on sait que les mères sont en moins bonne santé et le recours aux soins est moins élevé que la moyenne nationale.
Qu’en est-il ailleurs en Europe ?
A l’échelle européenne, le taux de mortalité infantile s’établit à 3,3 ‰, soit 0,4 point plus bas qu’en France. « Contrairement à la France, le taux de mortalité infantile en Europe continue de diminuer en moyenne, bien qu’à un rythme très faible depuis 2012 », précise l’Insee. Ainsi, alors que la France se trouvait en troisième position des pays avec le taux de mortalité infantile le plus faible, entre 1996 et 2000, elle se trouve désormais en 20e position.
Logiquement, les baisses les plus marquées de ce taux ont été observées dans les pays où il était le plus élevé. Entre les périodes 1996-2000 et 2016-2020, les chiffres ont reculé de plus de 60 % dans de nombreux pays de l’est de l’Europe (Hongrie, Bulgarie, Pologne, Chypre…).
Sur les mêmes périodes, la mortalité infantile a reculé de 49 % en Finlande, 36 % en Suède pour atteindre respectivement, 2 ‰ en 2016 et 2,3 ‰ en 2020. En France, « avec une baisse de seulement 20 % de la mortalité infantile en deux décennies, il s’agit de l’une des baisses les plus faibles d’Europe sur la période », confirme l’institut de statistique.