Mortalité maternelle : la France, élève moyen

D’après le bilan 2001-2006 de la mortalité maternelle établi par l’Institut de veille sanitaire (INVS), le nombre des morts en couches en France est en recul constant. Pour autant, nous avons encore une réelle marge de progression en regard d’autres pays européens. Particulièrement en ce qui concerne les morts évitables.

Satisfaction, l’hexagone reste un pays parmi les plus féconds d’Europe : 834 000 naissances en 2008, c’est un taux de fécondité supérieur à 2. En revanche, le taux de mortalité maternelle observé en France (9,6 morts pour 100 000 naissances) supporte mal la comparaison avec celui de certains pays nordiques. En Suède par exemple, il est inférieur de moitié.

Et pourtant, « 50% de ces morts seraient évitables » affirme le Dr Gilles Crépin, gynécologue-obstétricien à Lille et membre de l’Académie nationale de Médecine. Or chaque année en France 70 à 75 femmes meurent de leur grossesse, le plus souvent à cause « de mesures thérapeutiques inappropriées ».
Les hémorragies : évitables à 90%.

Au premier rang de ces complications « évitables », les hémorragies. Si toutes les femmes bénéficiaient d’un suivi médical approprié, leur nombre pourrait être diminué de 90%. Les chiffres sont du même ordre pour les infections – moins 83% – ou les complications de l’anesthésie – moins 100%.

Certaines tranches d’âge et groupes de population sont également plus touchés que d’autres. Le risque de mortalité maternelle est ainsi trois fois plus élevé pour les 35-39 ans que pour les 20-24 ans. En Ile de France où le taux de mortalité est supérieur de 30% à la moyenne nationale, dans les DOM ou parmi les femmes migrantes, les chiffres sont également plus élevés. De la prévention aux soins, le système de santé français si favorable soit-il, ne bénéficierait donc pas également à toutes les femmes. Soulignons que nous bien loin en 2010, d’avoir atteint l’ambitieux objectif assigné en 2004 par la loi de Santé publique de Philippe Douste-Blazy : un maximum de 5 morts maternelles pour 100 000 naissances en… 2008.

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  Source : Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 2-3, 19 janvier 2010