Le moustique tigre à l’assaut de la France !
02 juin 2017
©IRD
Repéré pour la première fois en 2004 à Menton, le moustique tigre ne cesse depuis, de se répandre dans l’Hexagone. C’est pourquoi le comportement de cet insecte, vecteur de maladies infectieuses comme la dengue ou le zika, est suivi de près par le biais d’un plan national. Le point avant l’été avec Yvon Perrin, entomologiste médical au Centre National d’Expertise sur les Vecteurs de l’IRD.
L’aedes albopictus ou moustique tigre est une espèce invasive très surveillée en France. Son rôle de vecteur du chikungunya, de la dengue et du zika en fait une source de préoccupation. Toutefois, l’inquiétude est modérée par le fait que « ces virus ne sont pas présents de manière endémique en France », rassure Yvon Perrin, entomologiste médical au Centre National d’Expertise sur les Vecteurs de l’IRD. En effet, « pour qu’il y ait un risque de transmission, il faut qu’une personne soit contaminée en zone tropicale et se fasse piquer par un moustique en France ». Le risque est donc limité.
Toutefois, « des foyers ont déjà été observés par le passé », indique-t-il. En 2010, « nous avons eu 2 cas de dengue à Nice et 2 cas de chikungunya à Fréjus ». Le foyer le plus important est survenu à Montpellier en 2014 avec 12 cas. Et le risque augmente d’autant que le moustique est présent aujourd’hui dans 33 départements en France métropolitaine. Essentiellement dans la moitié sud », précise Yvon Perrin. Mais aussi dans « quelques départements dans le nord du pays. Dans les deux départements d’Alsace, dans le Val-de-Marne et en Vendée ».
Invasion de moustiques
« Cette espèce invasive colonise l’Europe et d’autres continents depuis les années 1980 », explique Yvon Perrin. Or « une grande partie du territoire français présente des conditions favorables à son développement, ce qui explique que sa progression se poursuive. »
Comment se propage-t-il ? « C’est un moustique dit de la mondialisation, car il se déplace en suivant l’homme dans ses déplacements », précise Yvon Perrin. « Notamment par le biais de transport de marchandises, et en particulier dans les pneus usagers. » En effet, « si des œufs y ont été pondus, ils peuvent éclore si, à l’arrivée, ils sont exposés à des températures élevées et à de la pluie ». Les insectes peuvent aussi entrer dans les habitacles des véhicules et ainsi voyager plusieurs kilomètres. « C’est pourquoi ils colonisent ainsi le territoire en tache d’huile. » Toutefois, « si les prochains jours sont anormalement chauds et que le beau temps persiste, ces phénomènes auront pour effet de favoriser le développement des populations de moustiques sur le terrain », précise-t-il.
Pour autant, 2017 ne semble pas être une année plus prolifique que la précédente. Ainsi, « sur la base de nos premiers relevés de terrains et par comparaison avec les résultats obtenus les années précédentes, nous ne constatons pas de reprise d’activité significativement plus précoce du moustique tigre cette année », indique Grégory L’Ambert de l’EID Méditerranée (Entente Interdépartementale pour la Démoustication du littoral méditerranéen). « Ainsi, les relevés du mois de mai sont très comparables à ceux de 2016. »
Se protéger, lutter contre les gîtes larvaires et signaler les piqûres
Pour lutter contre sa prolifération, il est recommandé de « supprimer toutes les collections d’eau dans et autour de son domicile, pour éviter que les moustiques y pondent ». En outre, pour se protéger les piqûres, utilisez des répulsifs cutanés, installez des moustiquaires aux fenêtres et portez des vêtements amples et couvrants.
« Les moustiques tigres piquent surtout la journée », précise Yvon Perrin. Contrairement aux moustiques plus communs. « Il y a un premier pic au lever du soleil, vers 7 heures du matin, puis l’activité reprend de plus belle vers 16h, après une légère accalmie. » Les piqûres nocturnes sont exceptionnelles.
A noter : Vous pouvez participer au contrôle des moustiques tigres sur le territoire en allant sur le site signalement-moustique.fr, coordonnée par le ministère de la Santé. Il vous permet de déclarer en ligne une piqûre et la présence du petit insecte noir et blanc.
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Source : interview d’Yvon Perrin, entomologiste médical au Centre National d'Expertise sur les Vecteurs de l’IRD, 2 juin 2017 – interview de Grégory L’Ambert, Établissement interdépartemental pour la démoustication du littoral Atlantique Méditerranée, 2 juin 2017
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet