Odorat défaillant : la dépression pointe son nez…

12 novembre 2012

Les dépressifs sont-ils moins sensibles que tout un chacun, aux odeurs agréables, celles qui font le parfum de la vie ? C’est ce qu’avance une équipe INSERM de Tours. Peut-on pour autant parler de « nouvel indicateur » de la maladie dépressive ?

Dépression et odorat : voilà un couple bien inattendu… Pour Catherine Belzung de l’Unité Inserm UMR930 Imagerie et Cerveau (Université François Rabelais de Tours), « les personnes atteintes de dépression sévère ont des difficultés à expérimenter les plaisirs. Par ailleurs chez ces patients, la zone du cerveau impliquée dans la sensation agréable provoquée par certaines odeurs présente des dysfonctionnements. Voilà deux raisons de s’intéresser à leur odorat ».

Les auteurs donc, ont soumis 18 personnes hospitalisées pour un épisode de dépression sévère à des tests olfactifs. Plus exactement, ces malades ont été exposés à huit odeurs différentes. Leurs résultats ont ensuite été comparés à ceux de 54 volontaires en bonne santé.

Une odeur de colle…

Il est en ressorti que les dépressifs distinguent moins bien les différents niveaux d’intensité des odeurs. Ils se sont également montrés peu sensibles aux odeurs supposées les plus agréables. «De façon surprenante, ils ont classé la vanille, la cannelle ou l’amande comme des odeurs déplaisantes» commente Catherine Belzung.

Après un traitement antidépresseur de six semaines, ces malades ont à nouveau subi les mêmes tests. Résultat : « bien que le traitement ait été efficace chez chacun d’entre eux, les perturbations olfactives ont persisté. Seule une odeur était redevenue plaisante. Une odeur liée aux souvenirs et à l’enfance ». Et cette fragrance ne vous est sans doute pas inconnue, puisqu’il s’agit de celle du petit pot de colle utilisé en classe, et qui sentait légèrement l’amande amère… Une colle au doux nom de Cléopâtre… elle-même célébrée pour son organe olfactif.

Seul bémol, avant d’en faire un marqueur de la maladie, les scientifiques doivent vérifier « s’il s’agit d’un trait spécifique de la dépression ou s’il existe chez des personnes atteintes d’autres affections psychiatriques et neurologiques ».

  • Source : INSERM, 5 novembre 2012

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