OMS : petits pas et grands changements
22 octobre 2010
Nomination de deux nouveaux directeurs généraux-adjoint, changements dans les options politiques et les choix de relations internationales… l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est en mouvement. Sa directrice générale Margaret Chan, vient de nommer deux proches à des postes clés, le Japonais Keiji Fukuda et la Française Marie-Paule Kiény. A Copenhague (Danemark), la directrice du Bureau régional de l’Europe Zsuzsanna Jakab, se tourne pour sa part vers les pays de l’Union européenne afin de développer des actions communes. Elle rompt ainsi avec plusieurs décennies de « splendide isolement ». Est-ce vraiment surprenant ?
A Genève le 1er septembre 2010, Keiji Fukuda s’est vu confirmer au poste de Sous-Directeur général en charge de la Sécurité sanitaire et de l’Environnement. Une confirmation en effet, puisque cet ancien Conseiller spécial de Margaret Chan pour la grippe pandémique, occupait déjà cette fonction à titre intérimaire. Sa nomination consacre donc l’action menée durant cette crise, où il s’était trouvé en première ligne. Tout comme une autre nouvelle promue d’ailleurs, la Française Marie-Paule Kiény.
Jusque là directrice de la Recherche sur les vaccins à l’OMS, elle a été nommée le 1er octobre Sous-Directeur général pour le groupe Innovation, Information, Bases factuelles et Recherche. L’apparition du terme « innovation – qui ne figurait pas jusqu’alors dans l’intitulé de ce groupe – doit être interprétée comme un signe fort de l’importance accordée à la recherche et aux nouveaux développements. Soulignons d’ailleurs un autre signe concordant. Margaret Chan en effet, a fait savoir le 19 octobre, que le groupe dirigé par Marie-Paule Kiény intègrerait dès le 1er novembre une unité « Santé publique, innovation et propriété intellectuelle ».
Le Dr Kiény supervisait jusqu’à présent les secteurs dominant la politique vaccinale : recherche, établissement et suivi des normes, sécurité, fabrication, homologation et sécurité des adjuvants… Elle aura désormais en charge également, tous les postes-clé des politiques de santé publique : promotion de la recherche et de l’innovation ; suivi des accords internationaux de licence et donc de l’accès aux soins ; évaluation des indicateurs de santé publique ; et naturellement les statistiques sanitaires : causes de morbidité et de mortalité, utilisation en santé des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)…
L’OMS-Europe plus proche… des Européens
Marie-Paule Kiény a mené sa carrière à la fois dans le domaine de la recherche privée au sein de la compagnie Transgene, et publique à l’INSERM. Elle a aussi, par son expérience déjà longue à l’OMS, une très bonne connaissance des fonctions normatives et de la mise en œuvre des politiques de sécurité sanitaire.
Plus révélateur, le changement opéré dans les politiques de l’Organisation en Europe. Pendant des décennies en effet le Bureau régional de Copenhague avait maintenu la distance avec les responsables de l’Union, implantés à Bruxelles. Forte de ses 53 Etats-Membres, la région Europe de l’OMS avait peu de rapport avec la Commission, alors privée de véritable mandat en santé… Les choses ont d’abord évolué en 2001, peut-être suivant l’élection à Copenhague du Français Marc Danzon comme directeur régional. Sous son impulsion, les 2 entités se sont associées dans certains domaines : sécurité sanitaire, lutte contre le tabagisme et l’obésité, action contre les cancers et pour la santé environnementale…
Cette coopération s’étend à nouveau. Le commissaire européen John Dalli (Santé et Consommation) et la directrice régionale de l’OMS Zsuzsanna Jakab ont adopté une déclaration conjointe lors du dernier Comité régional de l’Organisation à Moscou. Celle-ci établit un plan quinquennal. Elargissant le champ de leur coopération, il inclut désormais la e-santé, l’innovation en santé et l’éducation. Les bureaux de terrain de l’OMS dans les pays d’Europe orientale, seront également ouverts à des actions de travail approfondies avec les délégations de la Commission. Enfin et surtout, les deux partenaires « envisagent le développement de systèmes communs de surveillance sanitaire, d’alerte et d’information… »