Ordonnance des seniors : éviter la sur-prescription…
14 janvier 2014
En France, plus d’un résidant sur deux en EHPAD (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) souffre de démences et/ou de troubles du comportement. Autant de pathologies qui pèsent lourd sur l’ordonnance. A tel point qu’aujourd’hui, une prescription sur trois dans ces structures correspond à des antidépresseurs.
A leur admission en EHPAD, la plupart des résidants présentent une situation de dépendance. « Au total, 54% des personnes hébergées en EHPAD souffrent démences et une majorité présente des troubles du comportement », précise Pr Jean Verger, auteur du rapport La politique du médicament en Ehpad, remis récemment au ministère de la Santé.
Une population poly-médicamentée. En France, la réponse médicale est caractérisée par la prescription de psychotropes. En tête – toujours selon le rapport Verger – les antidépresseurs (32%), puis les anxiolytiques (27%), les hypnotiques (22%), les neuroleptiques (15%) et les régulateurs de l’humeur (3%). Ces molécules favorisent le relâchement neurologique et/ou moteur, et provoquent un ralentissement des capacités cognitives. Le dosage de ces médicaments s’avère très sensible car la différence est minime entre la dose toxique et la dose thérapeutique. Dans la plupart des cas, ces molécules peuvent entraîner une accoutumance.
Usage optimal du médicament. De fait, comme le rappelle le Pr Verger dans son rapport La politique du médicament en Ehpad, la qualité d’une ordonnance ne dépend pas du nombre de médicaments. Or la majorité des erreurs de prescription relevées dans ce rapport concerne la sur-médication. « Les cliniciens doivent garder à l’esprit que la personne âgée ne consommant qu’un seul médicament non indiqué » ou un produit dont les risques dépassent les bénéfices « nécessite plus d’attention que celle qui consomme plusieurs médicaments justifiés et adaptés à sa condition et à ses besoins ».
Depuis 2011, des projets personnalisés sont mis en place dans les EHPAD. « Dès l’admission, un premier bilan est effectué pour vérifier la concordance des symptômes et des médicaments prescrits», précise le Dr Nadia Cohen, médecin gériatre dans un EHPAD du groupe Korian, en région parisienne. « Pendant les trois premiers mois, les dosages sont évalués en fonction de la réaction du patient. Puis l’objectif est ensuite d’effectuer un contrôle tous les ans afin d’éviter tout risque de sur-prescription, de sous-prescription ou de traitement inadapté». Un suivi dont devraient bénéficier 90% des résidents des EHPAD de ce groupe à la fin de l’année 2014.
Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : David Picot