Ostéopathie : le grand ménage

18 décembre 2014

Le gouvernement renforce l’encadrement de la formation des ostéopathes français. Deux décrets visent à harmoniser et à améliorer la qualité des enseignements proposés. Les principaux syndicats apparaissent ravis, 7 ans après la parution de textes qui ont grandement chamboulé la profession. Sans rassurer les patients. 

En 2007, le ministère avait effectivement réglementé la profession d’ostéopathe, au niveau notamment des conditions d’exercice et de formation. Malheureusement, le cadre fixé était si flou que cette décision politique a eu l’effet totalement inverse de celui escompté. Plutôt que de délivrer de rares agréments à quelques écoles, elle a progressivement ouvert la porte à toutes celles et ceux qui souhaitaient créer une formation d’ostéopathe. A tel point qu’il en existe aujourd’hui 70 ! Avec au final, une forte hétérogénéité au niveau du contenu des établissements susceptibles de délivrer le titre. Et donc des niveaux de pratique.

Ces conséquences ont été pointées du doigt dans un rapport de l’Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) en avril 2010. L’institution rapportait notamment que « près d’un tiers des écoles ont obtenu l’agrément sur recours gracieux à la suite, le plus souvent, d’un avis défavorable de la commission nationale d’agrément »…

Vers une profession plus homogène

« Le dispositif était fragile et ne permettait pas de délivrer des agréments sur des critères qualitatifs », concède Thibault Dubois, vice-président du Syndicat français des Ostéopathes (SFDO). « Nous avons donc travaillé pendant 18 mois avec la ministre Marisol Touraine pour refondre le dispositif. La profession sera ainsi plus homogène, ce qui devrait faciliter aussi la vie des patients ».

Dans les faits, la durée de formation s’allonge (de 2 660 heures minimum à 4 860). Et toutes les écoles devront proposer des stages cliniques au terme desquels chaque étudiant aura pratiqué un minimum de 150 consultations. « Des établissements qui avaient anticipé répondent à ces exigences depuis longtemps », poursuit M. Dubois. « Les autres devront s’adapter ». En d’autres termes, fermer ou se regrouper.

10 000 ostéopathes de plus qu’en 2008 !

L’enjeu est aussi d’éviter le trop-plein d’ostéopathes, au nombre de 22 000 actuellement, contre 12 000 en 2008. Plus de 3 200 sont sortis des écoles en 2012. Depuis, un tassement a été observé puisque les dernières statistiques font état de 2 000 nouveaux ostéopathes cette année. Des chiffres élevés donc, qui fort heureusement se sont accompagnés d’une augmentation de la demande. Actuellement, le SFDO estime à 15 millions le nombre de Français qui consultent un ostéopathe au moins une fois dans l’année.

Les professionnels souhaitent que le nouveau dispositif rassure aussi les patients. Malheureusement, il est encore bien compliqué de s’assurer que tel ou tel professionnel ait été formé selon les règles de l’art. Il existe bien quelques annuaires sur les sites des syndicats (SFDO, UFOF) ou sur celui du Registre des Ostéopathes de France (ROF). Mais seule une infime minorité d’‘ostéos’ y est répertorié. Le mieux comme le confirme Thibault Dubois reste « le bouche à oreille ».

Un dernier point : à l’échelle nationale et selon le SFDO, le tarif moyen d’une consultation d’ostéopathie est de 50 euros. Un tarif qui peut être pris en charge de façon totale ou partielle par certaines mutuelles.

  • Source : Interview de Thibault Dubois, 12 décembre 2014 – Ministère de la Santé 9 décembre 2014

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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