Ostéopathie pour les bébés : l’Académie de médecine veut des preuves de son efficacité

04 décembre 2024

L’Académie nationale de médecine s’interroge sur le bien-fondé de l’ostéopathie viscérale et crânienne pratiquée sur les nouveau-nés. Pour leur sécurité, elle plaide pour une meilleure évaluation de son efficacité, une surveillance des effets indésirables et une formation des professionnels chapeautée par le corps médical.

Déformation crânienne, constipation, maux de ventre, mauvaise déglutition, position anormale… Beaucoup de bébés passent entre les mains d’un ostéopathe pour régler de nombreuses problématiques, souvent fonctionnelles. Dans un communiqué publié mardi 3 décembre, l’Académie nationale de médecine s’interroge sur la justification de ces pratiques d’ostéopathie « viscérales et crâniennes », pour des symptômes qu’elle qualifie de « banals ».

Selon l’Académie, « les arguments employés, destinés à justifier ces pratiques, reposent sur des affirmations non ou trop peu étayées par des études conformes aux normes en vigueur et par des évaluations objectives et scientifiques de leur efficacité et leur sécurité ». Elle dénonce en outre les publicités pratiquées au sein même des maternités pour ces pratiques coûteuses et qui ne sont pas remboursées par l’Assurance maladie. Les parents y seraient réceptifs, « séduits par les pratiques alternatives non médicales ni médicamenteuses ». 

Les publicités dans les maternités dénoncées

Ainsi, l’Académie « appelle l’attention des autorités sanitaires et des professionnels de santé sur l’application aux nouveau-nés de ces pratiques » et invite à les évaluer de manière objective. Elle plaide pour que la formation dispensée dans les établissements d’ostéopathie agréés soit renforcée et évaluée par des spécialistes de la périnatalité issus du corps médical et qu’une surveillance des effets indésirables soit mise en place de manière rigoureuse. Enfin, l’Académie de médecine dénonce les annonces publicitaires vantant ces pratiques au sein même des maternités.

Mercredi 4 décembre, c’est au tour de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes de dénoncer l’ostéopathie viscérale et crânienne chez le nouveau-né. « Depuis plusieurs années, l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes dénonce les orientations, parfois systématiques, de nouveau-nés dans les établissements de santé vers des séances d’ostéopathie, alors même que ces pratiques n’ont jamais fait l’objet de preuves d’efficacité validées par la science ».

Un diagnostic médical en amont des manipulations

Et de citer les conclusions d’un rapport de 2015, rédigé par le collectif de recherche Cortecs sur commande de l’Ordre des masseurs kinésithérapeutes, concluant que les thérapies d’ostéopathie crânienne « sont à ce jour dépourvues de fondement scientifique ».

L’Ordre pointe un non-respect fréquent de la réglementation. « Celle-ci impose aux ostéopathes de ne manipuler le crâne et le rachis des enfants de moins de six mois que si un diagnostic établi par un médecin atteste l’absence de contre-indication médicale à l’ostéopathie. Ce cadre, essentiel à la sécurité des nouveau-nés, doit être rigoureusement appliqué ».

  • Source : Académie nationale de Médecine, Ordre des masseurs-kinésithérapeutes  

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

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