











© Pixel-Shot/shutterstock.com
La perte de cheveux varie selon l’âge et le sexe. Elle peut être diffuse comme dans l’alopécie androgénétique, qui est la forme la plus courante, en plaques (pelade, teigne, trichotillomanie, traction) ou même totale (pelade déclavante, chimiothérapie).
La calvitie, ou alopécie androgénétique masculine, est la forme la plus courante de chute de cheveux chez l’homme. Elle touche environ 15 % des hommes à 20 ans, 30 % à 30 ans et un homme sur deux à 50 ans, à des degrés divers. Elle débute le plus souvent par un dégarnissement au niveau des tempes (les golfes temporaux) et du sommet de la tête.
En réalité, la calvitie correspond à une évolution naturelle des cheveux liée à l’action des hormones mâles (androgènes) et à une prédisposition génétique. En effet, la testostérone joue un rôle indirect dans la calvitie. Elle doit être convertie en dihydrotestostérone (DHT) par une enzyme pour devenir active et provoquer la chute des cheveux. Car la DHT accélère le cycle de renouvellement des cheveux : après environ 25 cycles, les follicules s’épuisent, les cheveux se transforment en duvet clair et fin, puis le follicule meurt et disparaît. Certains traitements ciblent ce mécanisme en bloquant la conversion de la testostérone en DHT, dont le finastéride.
Le terme « androgénétique » inclut aussi la notion de génétique. La chute de cheveux se retrouve souvent chez un père ou un grand-père, mais elle peut sauter une ou deux générations en raison du mode de transmission chromosomique.
Deux options médicamenteuses de l’alopécie androgénétique masculine existent et nécessitent un usage prolongé : ils sont efficaces tant qu’ils sont poursuivis et perdent leur effet dès l’arrêt.
Le minoxidil, un vasodilatateur appliqué directement sur le cuir chevelu, se présente chez l’homme en lotion ou mousse, à appliquer deux fois par jour. Il stimule la croissance des kératinocytes et la pousse des cheveux. On estime qu’il fait repousser les cheveux dans un tiers des cas, arrête la chute dans un autre tiers et est peu efficace dans le dernier tiers. Les premiers résultats apparaissent après 3 à 4 mois.
Pour sa part, le traitement par finastéride consiste à prendre un comprimé par jour (1mg). Il est indiqué dans les stades précoces de l’alopécie androgénique chez les hommes, âgés de 18 à 41 ans (faute d’études démontrant son efficacité chez les plus âgés). Dans 80 % des cas, cela permet de maintenir la chevelure, et même, dans 40 % des cas, une légère repousse des cheveux est constatée. A noter, une nouvelle spécialité de finastéride est arrivée en pharmacie en avril 2025. Elle se présente en solution pour pulvérisation cutanée, à appliquer sur le cuir chevelu, sur les zones dégarnies (une à quatre pulvérisations quotidiennes).
Mais attention, l’action hormonale du finastéride pourrait être à l’origine d’effets indésirables, en particulier d’ordre psychique, sexuel ou physique, au point de faire l’objet d’une mise en garde de l’ANSM à propos des risques de troubles psychiatriques (anxiété, changements de l’humeur, notamment humeur dépressive, dépression et, moins fréquemment, des pensées suicidaires) et de la fonction sexuelle (dysfonction érectile, de troubles de l’éjaculation et d’une diminution de la libido), comme le précisait l’ANSM début 2025.
« De fait, explique Dr Marie-Hélène Jegou-Penouil, dermatologue membre de la Société française de dermatologie, on évitera la prescription de finastéride chez un patient ayant au préalable des soucis dans sa vie sexuelle ou à tendance anxio-dépressive. » De plus, tout homme ressentant un trouble de ce type doit en parler dès que possible avec son médecin.
La chirurgie peut corriger une calvitie stabilisée grâce aux microgreffes. Le chirurgien prélève une fine bande de cuir chevelu à l’arrière de la tête (ces cheveux sont programmés pour durer toute la vie), qui est découpée en fragments de quelques cheveux avec leurs racines. Ces greffons sont ensuite implantés dans les zones dégarnies.
Les techniques modernes offrent un rendu naturel, loin des résultats artificiels d’autrefois. Un traitement médical est souvent associé à la chirurgie.
L’alopécie androgénétique féminine diffuse est très fréquente, touchant environ 20 % des femmes à 40 ans, avec un éclaircissement souvent centré sur le sommet de la tête. La chute des cheveux varie selon les saisons et le statut hormonal. Devant une chute diffuse, il faut envisager plusieurs causes : carence en fer, problèmes de thyroïde, certains médicaments, maladies des ovaires…
Le traitement de référence est le minoxidil en lotion (1 ml à 2 % deux fois par jour voire 1 ml à 5 % une fois par jour, à évaluer après 3 à 4 mois). Le finastéride est interdit chez la femme, car inefficace et même tératogène (malformation du fœtus).
« Il reste l’acétate de cyprotérone dans la pilule ou d’autre contraception utilisant le norgestimate et plus récemment le dienogest. Mais ces molécules sont clairement moins efficaces », précise la Dre Marie-Hélène Jegou-Penouil.
La spironolactone, un antihypertenseur, est utilisée chez la femme pour moduler les effets des androgènes sur les follicules pileux, là où se forme le cheveu. Couramment prescrite aux États-Unis, cette indication est cependant hors autorisation de mise sur le marché en France et relève de la responsabilité du prescripteur.
Autrefois, l’acétate de cyprotérone était prescrit comme traitement anti-androgène, mais son usage hors indication (hirsutisme avec anomalie biologique) est désormais interdit en raison du risque de tumeur cérébrale.
Enfin, en cas de carence en fer, il est utile d’enrichir l’alimentation avec des aliments riches en fer (viande, abats, jaune d’œuf…). Quant aux techniques comme « le laser, le plasma riche en plaquettes… (ils) n’ont pas démontré suffisamment d’efficacité pour qu’on puisse les recommander actuellement », affirme la dermatologue.
Source : Réévaluation européenne de la balance bénéfce/risque des médicaments contenant du finastéride ou du dutastéride (MIS À JOUR LE 13/09/2024 ; ANSM); Finastéride 1 mg et chute de cheveux (dossier ANSM 2022) ; fiches Vidal du minoxidil et du finastéride (vues le 03/09/25) ; Dossier Société française de dermatologie (dermato-info.fr, consulté le 03/09/25) ; interview du Dr Pascal Reygagne.
Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet