Paludisme : des Français avancent sur un vaccin

20 juillet 2016

Une équipe française a mis au point de façon expérimentale, un vaccin vivant et génétiquement atténué contre Plasmodium, le parasite responsable du paludisme. Il serait capable d’induire une réponse immunitaire « efficace et durable ». Chez la souris en tout cas.

En 2015, à l’échelle de la planète, 214 millions de cas de paludisme ont été recensés. Et la maladie a tué 438 000 personnes. Soit 1 200 par jour, principalement des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes. La lutte repose sur la prévention. Il n’existe aucun vaccin homologué contre cette affection, à cause notamment de la complexité de la biologie du parasite. Mais aussi de multiples stratégies qu’il a élaborées au cours de son évolution pour déjouer la réponse immunitaire de son hôte.

Protection longue durée

A l’Institut Pasteur de Paris, une équipe conduite par Salaheddine Mécheri (unité de Biologie des interactions hôte-parasite) travaille sur un candidat-vaccin génétiquement modifié. Les scientifiques ont en quelque sorte éteint un gène du parasite, qui code pour une protéine (HRF) connue pour ses propriétés stimulantes de la réponse immunitaire.

Résultat, les animaux ont été protégés de Plasmodium, « y compris des souches très virulentes ». Leur mémoire immunologique, de longue durée, a permis de maintenir une protection au-delà d’une année. Et ce, quel que soit le stade du cycle de développement du parasite. Pour Salaheddine Mécheri, « le mutant  HRF, grâce à son effet protecteur rapide, durable et polyvalent, constitue un prototype prometteur ».

Un vaccin d’ici 5 ans ?

A noter, qu’un autre vaccin expérimental contre Plasmodium falciparum, est lui en phase plus avancée. Connu sous le nom de RTS,S/AS01, il a été évalué dans le cadre d’un vaste essai clinique dans 7 pays d’Afrique. En octobre 2015, deux groupes consultatifs de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont recommandé la mise en œuvre de projets pilote de ce vaccin, dans quelques pays. L’OMS estime qu’ils « pourraient ouvrir la voie à un plus vaste déploiement dans les 3 à 5 prochaines années, si l’innocuité et l’efficacité sont jugées acceptables. »

  • Source : Journal of Experimental Medicine, 18 juillet 2016. DOI: 10.1084/jem.20151976 – OMS, Aide-mémoire N°94, Avril 2016

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils