Paludisme : un nouveau mécanisme de résistance identifié
10 novembre 2016
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Combinée aux dérivés de l’artésimine, la pipéraquine constitue le traitement le plus innovant dans la prise en charge du paludisme. Pourtant, les parasites semblent de plus en plus capables de résister à ces deux molécules. Des chercheurs ont mis au jour un marqueur permettant de repérer les parasites à l’origine de l’antibiorésistance à ce traitement.
Actuellement, au Cambodge une forte proportion d’échecs cliniques (jusqu’à 60% dans certaines régions) est recensée chez les patients traités par la combinaison dihydroartemsinine-pipéraquine, due au fait que les parasites sont capables de résister aux deux molécules. Jusqu’ici, il avait été montré que la résistance à l’artémisinine était liée à la présence d’une mutation dans le gène K13 du parasite.
Une équipe franco-américaine* vient cette fois-ci d’identifier un marqueur moléculaire permettant de détecter les parasites responsables du paludisme résistants à la pipéraquine. En fait, lorsque les parasites associent cette signature et la mutation du gène K13 résistante à l’artémisinine, le risque d’échec au traitement de première intention est augmenté de 20 fois.
Cette découverte contribue à l’amélioration « des stratégies de surveillance et à la mise au point de traitements antipaludiques efficaces et adaptées à la situation épidémiologique ». Un moyen de renforcer la lutte contre cette maladie ne disposant aujourd’hui d’aucun vaccin. Car la crainte serait une propagation de cette résistance jusqu’en Afrique Subsharienne, continent le plus impacté par le paludisme. Déjà observé dans le passé, ce phénomène « serait une catastrophe et aurait des conséquences désastreuses en termes de santé publique ».
A noter : le paludisme fait chaque année plus de 200 millions de nouveaux cas et 438 000 décès. Et près de la moitié de la population mondiale (3,2 milliards d’individus) y est aujourd’hui exposée.
*Institut Pasteur du Cambodge, Institut Pasteur de Paris, Institut Cochin, Laboratoire de Mathématiques Appliquées de l’Université Paris Descartes, de la Columbia University (New York, USA), programme de lutte contre le paludisme au Cambodge.
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Source : The Lancet Infectious Diseases, le 3 novembre 2016
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Vincent Roche