











Accueil » Médecine » Maladies infectieuses » Pandémie : difficile mise en place d’une stratégie mondiale de vaccination
« L’objectif actuellement, c’est bien évidemment de freiner au maximum la propagation du virus A(H1N1) pour avoir le temps de développer un vaccin » précisait avant-hier Claire-Anne Siegrist sur les ondes de la radio suisse romande, lors de l’émission Impatience. Pour cela, deux scénarios possibles.
« Le premier consiste à remplacer une des trois souches virales déjà présentes dans le vaccin saisonnier classique par celle du porc A(H1N1) ». Si cette option est de loin la plus simple, elle pêche par la lenteur de sa mise en place. « Il faudra 4 mois au minimum avant de pouvoir fabriquer le vaccin » rappelle Claire-Anne Siegrist. Elle confie donc sa préférence pour une deuxième voie : celle du vaccin pré-pandémique déjà mis au point contre la grippe aviaire.
« L’idée est d’introduire la souche H1N1 en remplacement de la souche aviaire H5N1 initialement prévue. Cela permettrait de donner une certaine immunité de base aux populations, en attendant l’arrivée du vaccin pandémique à proprement parler ».
« C’est de la pure théorie »
Une logique solide en théorie, mais qui selon Pr Bruno Lina, ne résiste pas à la pratique. « Certes, la vaccination en période pré-pandémique est la meilleure façon d’éviter l’impact massif d’une pandémie. Mais dans la pratique, il faudrait disposer d’un tel vaccin. Or nous n’en avons pas à ce jour, ou pas suffisamment ».
Se pose donc la question de la production d’un tel vaccin. Et là… cela coince. « Si nous décidons de fabriquer du vaccin pré-pandémique, il faudra par définition le faire avant l’arrivée de la pandémie, entraînant obligatoirement l’arrêt de la fabrication du vaccin contre la grippe saisonnière. En effet nos capacités de production même si elles sont importantes, sont insuffisantes pour produire les deux simultanément » insiste Bruno Lina.
« Or nous savons que la vaccination contre la grippe saisonnière évite la mortalité chez les personnes âgées, c’est clair. » Le choix est donc cornélien. « Seule l’OMS est habilitée à trancher. Elle ne l’a toujours pas fait » poursuit-il. « L’ensemble de l’industrie pharmaceutique attend la décision officielle de l’Organisation, qui n’arrive toujours pas ».
Source : Intervention du Pr Claire-Anne Siegrist de l’Université de Genève, Radio suisse romande dans le cadre de l’émission « Impatience », 4 mai 2009 ; interview du Pr Bruno Lina, Directeur du Centre national de Référence de la Grippe à Lyon, 6 mai 2009 ; OMS Update 17, 6 mai 2009 ; Institut de Veille sanitaire, 6 mai 2009.
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