Parkinson : des préjugés tenaces
11 avril 2018
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Affectant 160 000 Français, la maladie de Parkinson reste une atteinte mal connue. Maladie du grand âge et caractérisée uniquement par des tremblements… Autant d’idées reçues à combattre à l’occasion de la Journée mondiale organisée ce 11 avril.
Selon une étude Ifop*, seuls 9% des sondés estiment que la maladie de Parkinson peut toucher des personnes en activité âgées de 26 à 60 ans. Pour 77% des personnes, cette atteinte neurodégénérative, faisant 25 000 nouveaux cas chaque année en France, concerne surtout les retraités. Pourtant, elle est diagnostiquée à un âge moyen de 58 ans. Et dans 10% des cas, la maladie de Parkinson affecte les moins de 45 ans.
Des symptômes au-delà des tremblements
Selon le même sondage, 88% des répondants estiment que la maladie de Parkinson est associée à un seul et unique symptôme moteur, le tremblement. Mais des atteintes non motrices sont aussi rapportées. C’est le cas de troubles du sommeil, digestifs, urinaires, de problèmes d’élocution et de douleur.
« Parmi ces symptômes insidieux, on trouve une grande fatigue en partie imputable aux efforts développés par le cerveau du patient pour compenser le déficit très important en dopamine », note le Pr Philippe Damier, neurologue au CHU de Nantes et président du comité scientifique France Parkinson. Mais aussi « une anxiété excessive, des symptômes d’ordre psychologique (…) avec des conséquences sur l’état affectif et émotionnel des patients ».
« Imaginez ce que ressent un malade qui voit ainsi nier la gravité de sa maladie et les souffrances psychiques et morales qui lui sont liées. (…) C’est une forme de négation, d’absence de reconnaissance de ce qu’il vit, et c’est très violent », décrit Didier Robillard, malade et président de France Parkinson.
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Une maladie qui se dévoile…
« Ces préjugés et connaissances nuisent à la qualité de vie et à la prise en charge des patients », relève France Parkinson. Pourtant la recherche avance pas à pas. En effet, « la maladie de Parkinson est de mieux en mieux décrite. Ainsi, on sait aujourd’hui qu’il ne s’agit pas uniquement d’une atteinte du système dopaminergique », explique le Dr Erwan Bézard, directeur de l’Institut des Maladies Neurodégénératives au sein de Bordeaux Neurocampus.
« D’autres aires du cerveau sont aussi impactées. » On sait aussi qu’elle se traduit par une accumulation de protéines (corps de Lewy) mal repliées, au sein de cellules nerveuses. Mais des questions se posent : « qu’est-ce qui causer la mort des neurones ? Sur quelles cibles peut-on alors jouer pour un jour espérer traiter cette maladie aux origines multifactorielles ? »
Et les traitements ?
Aujourd’hui les thérapeutiques proposées consistent à « pallier le manque de dopamine. Et la voie chirurgicale repose sur la stimulation cérébrale profonde** ». D’autres médicaments participent à « l’atténuation des symptômes non moteurs pour améliorer le confort de vie au quotidien ». Sur le moyen terme, l’espoir de nouveaux traitements existe. « Dans les 15 à 20 ans, nous misons sur l’arrivée de molécules contrecarrant l’évolution de la maladie. »
Une molécule sous immunothérapie est aujourd’hui testée au sein de l’essai clinique Pasadena, auprès de 300 patients dans le monde. L’objectif de cet anticorps injecté étant de ralentir le processus de dégénération en agissant sur cette accumulation de protéines toxiques.
*menée pour l’association France Parkinson entre février et mars auprès de 1 011 répondants représentants de la population française âgée de 18 ans et plus
**implantation d’électrodes dans le cerveau
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Source : Interview du Dr Erwan Bézard, directeur de l’Institut des Maladies Neurodégénératives au sein de Bordeaux Neurocampus, le 9 avril 2018. France Parkinson, le 29 mars 2018
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet