Pensées suicidaires : comment expliquer la dégradation de la santé mentale des Français ?

04 juin 2025

Une vaste enquête nationale révèle une détérioration inquiétante de la santé mentale des Français entre 2020 et 2022. Les pensées suicidaires ont progressé dans toutes les tranches d'âge, avec une augmentation particulièrement alarmante chez les jeunes, notamment les femmes de moins de 30 ans.

L’enquête EpiCov, menée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) auprès de 64 000 participants représentatifs de la population française, dresse un tableau préoccupant. À l’automne 2022, 3,4 % des adultes déclaraient avoir eu des pensées suicidaires au cours des douze derniers mois, contre 2,8 % en 2020.

Cette progression touche particulièrement les jeunes. Près de 9 % des femmes âgées de 18 à 25 ans rapportent des pensées suicidaires en 2022, soit une hausse de 2,4 points par rapport à 2020. Les jeunes hommes, jusqu’alors relativement épargnés, montrent également des signes inquiétants avec plus de 5 % d’entre eux concernés, soit une hausse de 1,3 point.

Les enfants et adolescents pas épargnés

La situation des mineurs n’est pas plus rassurante. Entre 2021 et 2022, la proportion d’enfants âgés de 5 à 17 ans présentant des difficultés d’ordre émotionnel comme la tristesse ou l’anxiété est passée de 12 % à 16 %. Une dégradation qui affecte davantage les filles.

Les facteurs de vulnérabilité bien identifiés

L’enquête met en lumière plusieurs facteurs fortement associés aux troubles dépressifs. Les difficultés financières constituent un risque majeur : plus d’une personne sur cinq en situation financière difficile présente un syndrome dépressif, contre seulement 6 % pour celles sans difficultés.

Le manque de soutien social joue également un rôle crucial. Moins une personne peut compter sur ses proches ou obtenir de l’aide de son entourage, plus le risque de dépression augmente.

L’étude révèle un lien troublant entre discriminations et santé mentale. Parmi les 16 % de Français ayant subi des traitements discriminatoires au cours des cinq dernières années, la prévalence des syndromes dépressifs est doublée par rapport au reste de la population. A titre d’exemple, les minorités sexuelles sont particulièrement exposées : les personnes se définissant comme homosexuelles ou bisexuelles présentent près de deux fois plus souvent un syndrome dépressif que celles se déclarant hétérosexuelles (16 % contre 9 %).

Enfin, l’usage intensif des nouvelles technologies constitue un autre facteur de risque. Une exposition aux écrans de plus de six heures par jour hors contexte professionnel ou scolaire, ainsi que la consultation des réseaux sociaux au moins une fois par heure, sont associées à une plus forte prévalence de la dépression.

Les jeunes femmes, une population à risque

L’enquête met particulièrement en lumière la vulnérabilité des femmes de moins de 30 ans, qui cumulent plusieurs facteurs de risque. Elles sont près de 50 % à consulter les réseaux sociaux au moins une fois par heure, contre 16 % en population générale. Elles déclarent également plus fréquemment appartenir à une minorité sexuelle et subir des discriminations (28 % contre 16 % en moyenne).

Si vous avez des pensées suicidaires ou souhaitez aider un proche, contactez le numéro national de prévention du suicide au 3114, accessible 24h/24, 7j/7, gratuit et confidentiel.

  • Source : Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES)

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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