Personnels éducatifs : leur santé au travail se dégrade
06 novembre 2019
Just dance/shutterstock.com
Il y a un an, le mal-être enseignant s’était répandu sur les réseaux sociaux : le mouvement #PasDeVague dénonçait le manque de soutien de l’Education nationale face aux violences dont les professeurs sont parfois victimes. Aujourd’hui, le syndicat SNES-FSU s’intéresse à leurs conditions de travail. Elles se sont fortement dégradées.
Les chiffres* sont sans appel : 73% des personnels éducatifs du second degré (professeurs, conseillers principaux d’éducation, assistants d’éducation…) ont constaté une dégradation de leur état de santé, « en 2018-2019 ou depuis la rentrée de septembre ». Ils attribuent à leur travail leurs douleurs dorsales, troubles du sommeil, angoisses, fragilités accrues… Des signes de stress chronique qui touchent 56,6% des personnels de collège et 61,5% des personnels de lycée (sans déboucher sur des arrêts de travail). Les femmes se disent légèrement plus affectées que les hommes : à 61%, contre 54,3% pour les hommes. Au total, seulement 12% des personnels de lycée et 16,1% de leurs homologues du collège sont mis en arrêt par leur médecin traitant.
Signes d’épuisement professionnel
Parmi les principaux enseignements de cette enquête, il faut citer d’autres marqueurs reconnus de l’épuisement professionnel qui semblent toucher massivement ces personnels : l’accroissement du temps de travail (88%), l’intensification de la charge de travail (94%), l’insatisfaction quant à la qualité et à la quantité des tâches effectuées (respectivement 47% et 54%) ou encore la perte de sens du métier : 78% des personnels interrogés sont d’accord avec cette affirmation.
Toujours selon l’enquête, les relations avec la direction de l’établissement « sont variables (…). La difficulté ne vient pas d’abord du pilotage de l’établissement, mais des injonctions institutionnelles ». Les relations entre collègues se sont elles aussi dégradées : le sujet est particulièrement sensible au lycée (50,4% des personnes interrogées disent que les conflits ont augmenté, en raison sans doute de la réforme en cours des lycées qui met en concurrence les disciplines – 2 063 faits ont été rapportés dans l’enquête).
Un CHSCT extraordinaire ce mercredi
Des résultats qui ne peuvent qu’interpeller, quelques semaines après le suicide de Christine Renon sur son lieu de travail. Cette directrice d’école maternelle à Pantin (Seine-Saint-Denis) avait été retrouvée pendue dans le hall de son établissement. Dans un courrier envoyé à sa direction académique ainsi qu’à tous les directeurs et toutes les directrices d’établissements scolaires de sa ville, et rendu public, elle décrivait son état d’épuisement face à ses multiples tâches quotidiennes et l’absence de soutien de l’institution. Un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) exceptionnel, consacré à la prévention des risques suicidaires, a été convoqué ce mercredi, au ministère, à la suite de ce drame. Des rassemblements d’enseignants sont également organisés dans toute la France. Mot d’ordre des syndicats : #MaintenantDuRespect.
*enquête déclarative en ligne réalisée du 28 septembre au 31 octobre, auprès de 8 668 personnels éducatifs du second degré (50% affectés en collège, 44% en lycée. 55% des répondants sont affiliés au SNES-FSU ou au SNEP-FSU)