Peut-on « trop » gâter les enfants à Noël ?
05 décembre 2022
Dans les catalogues, à la télé, sur Internet, et, bien sûr, dans les magasins, la tentation est partout. Des jouets à profusion et des enfants qui rêvent en grand. Faut-il céder à toutes leurs demandes ? Où situer la limite ? Voici quelques conseils d’Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne, spécialiste de l’enfance, de l’adolescence et de la famille.
Est-il possible de trop gâter un enfant ?
Oui, c’est tout à fait possible. Certains couples parentaux ou certaines familles peuvent littéralement inonder leurs enfants de cadeaux à Noël. Cela s’inscrit dans une forme de rituel : il y a l’envie, le désir de gâter son enfant. C’est souvent lié aux histoires des adultes : si, enfants, ils ont manqué de cadeaux, ils peuvent vouloir faire l’inverse avec leurs propres enfants, parce qu’ils ont envie de voir leurs yeux qui brillent. Dans d’autres familles, lorsque cette fête est très importante, on veut la célébrer dignement avec un nombre de cadeaux conséquent. Là, on respecte la tradition, on est dans la continuité. Et c’est aussi, tout simplement, pour montrer son amour.
Cette tendance est-elle uniquement liée à l’histoire des parents ?
Elle est aussi en relation avec le style parental « permissif ». En général, les parents qui offrent beaucoup de cadeaux sont aussi ceux qui sont très disponibles pour leurs enfants et veulent ce qu’il y a de mieux pour eux, au quotidien. De ce point de vue, Noël n’est pas exceptionnel, il est dans la continuité de la vie de tousles jours. On donne énormément à son enfant, on le gâte, peu importent les circonstances. Chaque jour est une fête.
Et pour les enfants, quelles conséquences ?
Il peut y avoir de très jolies conséquences : certains enfants vont être très contents, avoir des étoiles dans les yeux et montrer de la reconnaissance à l’égard de leur famille. Mais, dans d’autres cas, si l’enfant a toujours eu l’habitude d’avoir plein de cadeaux, il voudra toujours plein de cadeaux. Pour Noël, mais aussi pour son anniversaire, pour d’autres événements et aussi au quotidien, il peut se demander pourquoi il ne peut pas toujours avoir ce qu’il veut. Donc plus on est dans une approche pédagogique où on explique ce qu’est Noël, à quoi ça sert et pourquoi on se fait des cadeaux, plus l’enfant parvient à distinguer Noël des autres événements. Mais cela dépend vraiment de la dynamique familiale par rapport à Noël.
Quel est le bon dosage pour Noël ?
Il faut qu’il y ait un accord entre les deux parents. Et il faut faire avec son enfant : regarder les jeux avec lui, sur catalogue ou en ligne, et lui demander : « mais qu’est-ce que tu veux vraiment ? Qu’est-ce qui te ferait vraiment plaisir ? ». C’est la question du désir, qui suppose d’interagir avec l’enfant. Quand il y a répondu, la taille de la liste a bien diminué ! D’autres éléments sont à prendre en compte, en fonction de l’âge de l’enfant. Anticiper les achats pour ne pas risquer de ne pas avoir LE cadeau le jour J, et veiller à ce qu’entre frères et sœurs, le nombre de paquets soit identique. Jusqu’à 7 ans environ, c’est surtout le nombre de cadeaux qui les intéressent, et aussi déchirer le papier cadeau.
A quel âge peuvent-ils comprendre l’argument économique ?
A partir de 8-9 ans, ils commencent à s’intéresser à la valeur des cadeaux. Cela coïncide avec le basculement vers des envies de cadeaux qui coûtent plus cher (console, etc.). On peut donc leur expliquer que, compte tenu de leur prix, il y en aura moins. Cela ne veut pas dire qu’il n’y aura ni déception ni négociation, mais c’est aux parents de garder la maîtrise des événements.
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Source : Interview d'Aline Nativel Id Hammou, psychologue clinicienne, spécialiste de l’enfance, de l’adolescence et de la famille - Novembre 2022
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet