Pilule contraceptive : l’âge de la maturité
20 février 2007
Depuis l’autorisation dans notre pays, il y a désormais près de 40 ans, de la première pilule oestroprogestative, bien d’autres moyens contraceptifs sont apparus. Aucun n’est parvenu à la supplanter.
Imbattable pour son efficacité, « la pilule a encore de beaux jours devant elle », pronostique le Dr Gabriel André, gynécologue à Strasbourg. Les femmes ont à leur disposition une large palette de choix. « Nous disposons de 19 sortes de pilules contraceptives différentes, chacune ayant ses propriétés. Chaque femme peut donc trouver celle qui lui convient. »
Comment dans ces conditions expliquer qu’il y ait toujours, en France, 200 000 IVG par an ? Par le fait que beaucoup utilisent mal les possibilités de contraception qui leur sont offertes. Voilà pourquoi, selon Gabriel André, il est capital que la contraception soit adaptée à chaque femme. « La première consultation est fondamentale. Les femmes doivent connaître en détail les avantages et les inconvénients de chaque méthode ».
Ainsi est-il fréquent d’entendre que la pilule fait grossir. « C’est une idée reçue. En fait, je préviens toujours les femmes que la pilule risque de leur ouvrir l’appétit. Prévenue, la femme peut modérer son coup de fourchette ! » Il reste que certaines se plaignent de gonflements ou de tensions dans les seins. « Ce sont les oestrogènes qui provoquent une rétention d’eau ». Celle-ci peut entraîner la prise d’un ou deux kilos, « pas de graisse mais d’eau », souligne notre spécialiste. C’est désagréable, mais évitable. « Il existe de nouvelles pilules dont le progestatif la drospirénone, s’oppose à la rétention d’eau provoquée par les estrogènes ».
D’ailleurs, on parle de « pilule ». Mais il y a pilule et pilule ! Les dernières commercialisées n’ont plus rien à voir avec les précédentes ! Des premières générations jusqu’aux troisièmes, nous avions affaire à des molécules dérivées de la testostérone une hormone mâle. Nous en sommes maintenant à la quatrième génération, qui est désormais dérivée de la spironolactone. Différences notables, ces nouvelles pilules apportent plus que le simple effet contraceptif : elles ont des bénéfices supplémentaires sur le confort de vie, avec des effets positifs sur la peau et sur la prise de poids, en évitant la rétention hydrosodée.
Certaines pilules ont aussi le grand mérite de régler un certain nombre de problèmes comme « le syndrome prémenstruel, les mastodynies –les douleurs dans les seins, n.d.l.r.-, les cycles irréguliers ». Elles ont aussi l’avantage de provoquer des règles plus courtes. Seule contrainte la prise quotidienne. D’autres méthodes sont apparues, comme le patch, mais là aussi il faut penser à le remplacer toutes les semaines, et avec des inconvénients au niveau de la peau.
Les jeunes mamans ont, elles une alternative supplémentaire – la contraception intra-utérine avec les Dispositifs Intra-Utérins. Une fois posée par le médecin, elle assure la contraception sans qu’il soit nécessaire d’y penser. Et cela pendant… cinq ans ! « Le DIU pourrait d’ailleurs être encore plus utilisé, en particulier chez les jeunes mamans après leur premier enfant, surtout depuis que sont disponibles des DIU hormonaux ». Ces DIU hormonaux offrent aux femmes, contrairement à ceux en cuivre, la possibilité de conserver tous les avantages de la pilule (efficacité, action sur les règles douloureuses ou diminution du volume des règles).
La pilule a traversé toutes les modes. Et elle continue d’évoluer. Avec les dernières générations, les femmes peuvent maintenant demander des bénéfices supplémentaires à leur contraceptif. Son avenir passe également « sans doute par la prise en continu, qui permet de s’affranchir complètement des règles ». Bref, affirme notre spécialiste, « la contraception orale n’a pas dit son dernier mot ».